La seconde guerre mondiale et le sort des juifs hantent le cinéma de Lelouch, comme les destins brisés, qui sont ses sujets de scénario de prédilection.
Partir, revenir... on comprend vite pour une famille juive sous l'Occupation ce que cela veut dire. En accompagnant ses images du concerto n°2 de Rachmaninov, en ajoutant de la gravité au tragique, Claude Lelouch prend le risque de forcer l'émotion et le pathétique. J'ai toujours aimé ce concerto pour piano mais je trouve, dans les longues séquences où il est joué, qu'il surcharge le récit et, même, je ne le trouve pas vraiment adapté aux images ni en harmonie avec le drame. Question de goût et de ressenti.
Le film, " histoire romanesque pour piano, orchestre et caméra", est conforme au style de Lelouch, éparpillant le récit et les personnages avant de les remettre à l'endroit. Aussi le film surprend; il est poignant aussi lorsqu'il relate le sort de la famille Lerner; il se fait plus romanesque et moins profond lorsqu'il entreprend de démasquer le délateur et "corbeau" à l'origine du drame.
Claude Lelouch réalise un mélo de qualité avec de très bons acteurs mais ses effets de style et sa construction dramatique ont cette ambivalence que l'on retrouve dans la plupart des films du cinéaste, a fortiori lorsqu'ils sont graves: l'inspiration et la singularité de la mise en scène coexistent avec l'artifice romanesque. l'auteur sincère avec le réalisateur habile.