Dans la cadre de la petite rétrospective que la MCJP consacre à Shibuya, Pas de consultation aujourd'hui est plus le plus ancien titre présentée et s'avère une comédie dramatique assez moyenne. L'influence de L'ange ivre de Kurosawa est assez flagrante avec un décor très proche et un personnage principal tout aussi similaire. En revanche, on zappe la relation recentré sur un seul "patient" pour en garder une demi-douzaine. C'est vraiment cet aspect "film choral" qui alourdit le film car les sous-intrigues finissent par se parasiter et s'étouffer plutôt que de se répondre même si les différents destins se rejoignent sur la fin. Il faut dire que le sentimentalisme et la naïveté de la psychologie et des protagonistes n’a rien de vraiment crédible ni réaliste alors que le film se voudrait une approche néo-réaliste. On est donc plus proche du Journal d’un policier (Seiji Hisamatsu-1955) mais en moins harmonieux.
En fait, le défaut du film vient que l’histoire ne correspond pas au titre qui ne résume que la première partie. Celle-ci qui montre le médecin fatigué et lassé mais incapable de laisser ses malades sans soins est pourtant réussie car elle propose une unité de temps et une situation simple mais efficace.
En multipliant les enjeux dramatiques, Shibuya divise d’autant l’intérêt du spectateur. Les bons sentiments, les tentatives d’humour vraiment ratés (l’ancien soldat devenu fou), les raccourcis et le manque de charisme des acteurs n’arrangent rien à la chose.
La dernière demi-heure était vraiment assommante à ce titre.
Il faut aussi dire que la copie proposée n’était pas fabuleuse, très granuleuse (du 16mm ?) avec une photographie et des contrastes en noir et blanc pas très emballants.
Dommage car l’introduction était plutôt encourageante avec cette présentation assez osée de ce semi-bidon ville où le soldat fou s’adresse à une rangée de poubelles immondes comme s’il s’agissait de vrais humains. De la même manière le quotidien du docteur était montré sans pathos ni artifice traitant de la même manière une jeune fille violée ou un apprenti yakuza puéril. Dommage aussi pour l’acteur principal Eijiro Yanagi et pour la dernière séquence assez poétique et joliment réalisé qui montre la migration d’oiseaux sous le regard de tous les personnages dont on a suivi (sans vraie passion).