Marnie marque la fin d'une époque pour Alfred Hitchcock, la fin d'un âge d'or et d'un succès immense, en plus d'être sa dernière collaboration achevée avec le génial Bernard Herrmann à la bande-originale. Après celui-ci, il reviendra vers les thrillers et l'espionnage alors qu'ici, il continue d'explorer de nouvelles facettes de son cinéma en explorant un côté psychologique fort à travers son personnage principal.


Pourtant, et autant le dire tout de suite, Marnie n'est pas exempte de quelques maladresses à l'image de quelques effets trop répétitifs et peu subtils mais qu'importe, Hitchcock réussi son coup et met en place une ambiance aussi ambiguë qu'étrange et fascinante, qui se fera de plus en plus forte et tiendra tout le long du récit. Son étude du personnage de Marnie est intéressante à plus d'un titre et très bien écrite, on suit ses peurs récurrentes, ses fuites, ses erreurs et son incapacité à bien vivre socialement et à garder une stabilité dans sa vie. Peu à peu, c'est autour de sa rencontre avec le patron d'une maison d'édition qu'il va vraiment en dresser le portrait et l'approfondir.


Hitchcock aborde alors des thématiques comme celles de la frigidité, de la névrose ou des chocs psychologiques que l'on a pu avoir enfant, et ce à travers cette femme qui semble renoncer à l'amour et la joie de vivre pour se cacher dans le mensonge, le vol et les fausses identités. Il dresse un jeu psychologique entre les deux protagonistes, l'un voulant changer l'autre et tentant de passer l'obstacle de sa froideur naturelle. La construction du récit est encore l'un des points forts de Marnie, Hitchcock prenant d'abord le temps de placer l'histoire et de débuter son film comme un thriller autour d'un vol avant de rentrer dans la partie psychologique.


Le maître montre que les années ne lui ont pas encore enlevé son génie et donne à son oeuvre un côté parfois lyrique à l'image des séquences d'orage ne faisant que renforcer son atmosphère. Tous ses plans et effets de caméra sont remarquablement choisis tandis qu'il bénéficie d'excellentes interprétations, tant Tippi Hedren (dont le rôle était d'abord prévu et écrit pour Grace Kelly), donnant froideur et beauté à son personnage que Sean Connery dans un rôle à l'exact opposé, plein de charme, classe et séduction. Bernard Herrmann rappelle aussi pourquoi il était bel et bien l'un des plus grands compositeurs de films de sa génération et participe pleinement à l'ambiance qui plane autour de ce métrage.


Si je ne considère pas Marnie comme le dernier grand Hitchcock (j'ai en haute estime Frenzy et Le Rideau déchiré), c'est néanmoins le symbole de la fin d'une époque pour lui, celle où, à l'image de Psycho ou Vertigo, il repoussait les limites de son art et y abordait des thèmes plus profonds et nouveaux. Ici, il laisse tout le long planer une ambiance aussi dérangeante que fascinante et il orchestre son étude psychologique avec brio.

Docteur_Jivago
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le 9 sept. 2016

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