Au cinéma, il n'a pas de hasard.
Car seulement quelques semaines après la sortie de La Salle des Profs, voilà que le malaise de l'univers de l'éducation en faillite est à nouveau mis en scène avec Pas de Vagues, rappelant le hashtag bien connu du ras-le-bol du monde enseignant et de l'abandon d'une hiérarchie lâche.
L'ultime preuve de cette faillite intellectuelle, à ce titre, reste bien la polémique imbécile qui a suivi la bande-annonce du film, illustrant toute la finesse du jugement de certains friands de buzz idiot, abandonnant tout esprit critique en cédant à tout le primitif de leur cerveau reptilien...
Car évidemment, le propos de ce Pas de Vagues n'est pas de dire "toutes des menteuses". Mais plutôt de livrer une peinture, assez bien exécutée du reste, du mal-être de l'école, et ce des deux côtés du bureau.
Mais là où La Salle des Profs choisissait de ne jamais quitter son établissement, pour mieux enfermer son personnage et son spectateur dans un huis-clos éprouvant, Pas de Vagues prolonge son propos vers l'intime et la vie privée de son enseignant mis en cause, enrichissant le panorama de son triste état des lieux. En forme d'engrenage implacable menant à la destruction.
Pas de Vagues n'est donc pas une oeuvre racoleuse cherchant à tout prix à courir après une certaine actualité, ou encore à obtenir l'agrément ou la caution de certaines idéologies prétendues éveillées. En effet, il s'attache à la perception des choses et parle autant de la détresse d'un prof que de celle d'une collégienne fragilisée et sous influence. Sur le sujet de ce personnage clé, Pas de Vagues emprunte un chemin diamétralement opposé à celui de La Salle des Profs. Car plus le film avance, plus l'empathie grandit, dès lors que la jeune fille est décrite comme sous le joug violent de son frère, prisonnière de ses accusations et victime de son instrumentalisation au sein de la classe.
Mais ce qui sidère le plus à la sortie de la salle, c'est l'incapacité de l'Education Nationale à assurer aujourd'hui sa mission première et à relever la tête face à la désinvolture de son nouveau public. C'est aussi l'indignité de ces proviseurs qui trahissent, qui abandonnent leurs profs en rase campagne sans les soutenir, de peur de remettre de l'huile sur le feu. C'est enfin une communauté enseignante qui se refuse de soutenir pleinement un collègue mis en cause de manière injuste et pétrie de préjugés. Problématique de la part d'une certaine forme d'élite qui se présente comme ouverte et traversées de nobles idées et aspirations.
Quant à ce prof, ses aspirations, balançant entre une conception toute naïve et idéale de sa mission et des méthodes plus modernes, son approche du métier se heurte de plein fouet au mur d'une réalité bien plus sauvage du fait de ses maladresses et de ses difficultés à trouver la bonne distance avec les élèves.
Si une telle richesse thématique bénéficie à ce Pas de Vagues, qui partage le même constat d'échec que son cousin d'outre-Rhin, l'oeuvre peine un peu à tenir la rampe jusqu'au bout et cède malheureusement dans sa dernière ligne droite, moins sidérante que celle de La Salle des Profs dans son impact. Mais surtout, le masqué a eu l'impression que le film ne savait pas réellement comment se terminer, tant il ne résout pas grand chose et tente une sortie "film de genre" qui a tout du hors sujet.
Mais si Pas de Vagues rate quelque peu sa synthèse, la copie rendue demeure cependant honorable tant l'oeuvre refuse tout manichéisme et ménage une place à chaque acteur d'une Education Nationale qui est peut être encore plus en déroute et en souffrance qu'on ne pouvait le penser.
Triste constat.
Behind_the_Mask, qui a eu cette idée folle, un jour d'inventer l'école...