Tout le film, je n'ai cessé de penser au regretté Samuel Paty. Je crois même que ce dernier lui était destiné, mais que le scénario avait pour but de se détourner quelque peu de l'histoire réelle afin de ne pas politiser davantage. Comment un excellent professeur est pris à partie par les parents d'élèves et lâché par l'Éducation Nationale pour avoir simplement complimenté une élève afin d'expliquer l'usage d'une figure de style. La jeune menteuse, aidée par son frère fou furieux, porte plainte et accuse son professeur (François Civil) de lui avoir fait des avances.
La situation se détériore, les professeurs s'en mêlent et l'on sent naître la lâcheté du corps enseignant et des chefs de direction. Cette dénonciation n'a beau n'être qu'une calomnie, le professeur est menacé de mort par le frère de cette élève, et la classe tout entière ne cesse de mettre de l'huile sur le feu. L'école va mal, les professeurs aujourd'hui ont peur d'enseigner, et cette œuvre cinématographique, dont le titre est évocateur "Pas de Vague", nous rappelle douloureusement que le terreau scolaire est en grand danger.
À l'heure où un proviseur vient de démissionner suite à des menaces de mort reçues après avoir demandé à une élève de bien vouloir retirer son voile, le réalisateur Teddy Lussi-Modeste signe une œuvre engagée et pleine de bon sens. L'atmosphère est irrespirable, la souffrance du jeune professeur est palpable, et sa crainte d'être agressé au moment de quitter le collège renvoie avec force au professeur de Conflans-Sainte-Honorine. Protégeons nos professeurs, aidons-les à enseigner sans craindre pour leur vie, à enseigner sans être les victimes d'infâmes diffamations et d'ignobles calomnies. C'est un sujet national. Ce film coup de poing doit être vu. Il témoigne de la violence d'une institution qui périclite et dont la chute s'avérera manifestement dramatique.