Bonheur triste
Je suis Lucas Belvaux depuis un bon moment et j'apprécie sa fibre humaniste, son regard aiguisé sur la société et sa manière d'en tirer partie. En apprenant qu'il allait nous réaliser une "comédie...
Par
le 12 juin 2014
46 j'aime
10
Pas son genre nous interroge sur notre façon d’aimer. C’est assez intime au fond. D’un côté une femme qui se retrouve dans l’implication, la douceur, l’expression des sentiments, la joie, la communication, la passion, la peur de perdre l’autre, l’angoisse, la jalousie. Un amour brûlant. De l’autre un homme qui éprouve sans doute les même sentiments quelque part en lui, mais qui est incapable d’en faire quoi que ce soit. Un homme qui se plait dans la tolérance, la patience, la réflexion, le calme, la passivité, le détachement, le retrait. Il pourrait aimer intensément l’autre personne qu’il ne saurait pas comment le montrer. Pourrait-il ressentir de la jalousie ? Bien sûr, mais il lui accorderait moins d’importance que la confiance qu’il a pour la personne aimée. Des caprices amoureux ? Sans doute oui mais la timidité et le respect l’en empêchent.
Je peux comprendre ce genre d’hommes. Oui en fait là dans ce p’tit paragraphe je vais un peu parler de moi, je suis désolée. J’imagine que chacun peut d’ailleurs se retrouver un petit peu dans l’un ou l’autre des personnages de ce film. On peut parfois aimer tendrement quelqu’un mais ne pas savoir comment lui exprimer, et de pas réussir à montrer son amour comme l’autre aimerait. Parfois il est attendu de nous que l’on fasse des surprises, que l’on soit passionné, que l’on rit à gorge déployé, que l’on hurle de jalousie, que l’on claque la porte par colère, que l’on revienne deux heures plus tard le genou à terre en demandant pardon, que susurre « Je t’aime » à l’oreille … Mais ces paroles peuvent rester coincées dans le fond de la gorge et ces gestes retenus par notre corps. On peut être prisonnier de sa timidité, de sa manière d’être et d’appréhender le monde. On peut se sentir vraiment seul quand on est ce genre de personne. Oui parce que cela implique faire souffrir l’autre personne, qui attend de nous des choses que l’on n’est pas capable de lui offrir. Et ça ça fait mal, des deux côtés du couple.
C’est là que réside selon moi la tendresse de ce film. Il nous met face à qui nous sommes, à nos sentiments et nos fonctionnements personnels. Il nous invite à nous méfier de nous-mêmes. Je ne connais malheureusement pas grand-chose à la scénographie ni au reste des aspects techniques du cinéma, je ne me prononcerais donc pas là-dessus. Toutefois je peux dire que ce film a été un bon divertissement. Emilie Dequenne est « jolie », émouvante dans ses contradictions. Loïc Corbery est attendrissant avec son sourire délicat et son regard effrayé.
Créée
le 14 nov. 2015
Critique lue 248 fois
1 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Pas son genre
Je suis Lucas Belvaux depuis un bon moment et j'apprécie sa fibre humaniste, son regard aiguisé sur la société et sa manière d'en tirer partie. En apprenant qu'il allait nous réaliser une "comédie...
Par
le 12 juin 2014
46 j'aime
10
On n’attendait pas le belge Lucas Belvaux, artiste engagé réalisateur de films âpres ancrés dans la réalité sociale, dans une comédie romantique, comme un ‘feel good movie ‘ entre un professeur de...
le 1 mai 2014
44 j'aime
5
Lucas Belvaux,réalisateur belge chevronné et engagé,est connu pour sa dénonciation farouche des inégalités sociales et sa propension à contester l'ordre établi.Ses chroniques dépeignent souvent des...
le 4 mai 2014
31 j'aime
14
Du même critique
Je précise tout d'abord que j'ai regardé ce film au plein milieu de la nuit, un peu fatiguée, dans un état pas vraiment clean, et en streaming, donc je n'ai pas pu "profiter" du film de manière...
Par
le 24 déc. 2013
2 j'aime
8
Pas son genre nous interroge sur notre façon d’aimer. C’est assez intime au fond. D’un côté une femme qui se retrouve dans l’implication, la douceur, l’expression des sentiments, la joie, la...
Par
le 14 nov. 2015
1 j'aime
1
C'est toujours une mince affaire de trouver un titre à une critique ... Ici, simplement pour l'anecdote, le prénom le plus allemand du livre, Soltie, est porté par l'héroïne parisienne. Ce n'est...
Par
le 11 déc. 2013
1 j'aime