"Non, ça c'est parce que tu es gémeaux"
Extrait de la réplique la plus WTF du film:
- si je n'avais pas le bonheur triste, je n'aurais pas fait de la philosophie... (jusque là, ça se défend)
- Non ! Ça, c'est parce que tu es gémeaux ! (et elle est convaincue de ce qu'elle dit en plus)
Les trois étoiles vont entièrement à la prestation de "I will survive" par Emilie Dequenne - dans le genre "jolie blonde qui chante pour tromper son vague à l'âme", elle dépasse haut la main la scène de Carey Mulligan dans Shame. C'est sans doute la première fois que j'entends ce morceau pour les paroles, et non pour sa mélodie footballistiquement marquée.
À part cela, le film ne m'a pas franchement touchée - parfois irritée un peu, mais bon, en tant qu'apprentie philosophe je ne vois pas comment je pourrais apprécier ce cliché sans cesse véhiculé sur le professeur de philosophie, intellectuel parisien maudissant la banlieue, turtle-necké en noir par toute saison, théorisant sur l'amour pour masquer une peur de l'engagement. En plus, parlons du titre du film: "pas son genre". Franchement. Vu l'actualité, on aurait pu penser qu'il y allait au moins y avoir un transsexuel dans l'affaire! (bin oui, "pas son genre"...problème dans le genre ? Gender Trouble ? Judith Butler - gender studies - la théorie du genre - le mariage pour tous - la manif pour tous) Et bien non, rien d'anormal: on a d'un côté l'Homme, le penseur solitaire, et de l'autre la Femme, mère aimante et indépendante. PFIOUU. MERCI.
Il faudrait peut-être faire autre chose, niveau représentation des personnes faisant de la philosophie. Je rêve d'un film avec Carla Bruni qui susurrerait "phenomenologize me like one of your french girls" à un Raphael Enthoven blond et bedonnant (citation en référence à Titanic)(et casting en référence...à leur passé commun). Mais ici nous n'avons qu'un film reprenant l'idée cool de "The Reader" pour...pour quoi d'ailleurs ? Pourquoi ce film ? Pour rassurer celles qui vont s'identifier à Jennifer, leur dire qu'elles sont PRESQUE capables de lire Kant, PRESQUE capables de faire changer un homme pour leurs beaux yeux ? Et puis quoi encore ? Peut-être que il fallait s'identifier à Jennifer pour apprécier l'histoire. Désolé mais avec moi ça ne marche pas - et je ne m'identifie pas non plus à Clément.
Quoique, entre nous, je ne sais pas ce qu'il a bien pu écrire dans son livre ce Clément (en tout cas, ça ne doit pas être SI révolutionnaire et exceptionnel que l'autre professeur de philosophie l'a dit au début du film. Encore une fan-girl), mais l'idée que le couple monogame et qui dure n'est qu'une forme de vie commune parmi d'autres modalités possibles à explorer n'est pas si absurde ou libertine qu'il n'y parait. Et d'un autre côté, le couplet du "tu n'es pas jaloux donc tu ne tiens pas à moi, tu ne m'aimes pas"...elle cherchait les problèmes aussi : d'un côté elle voudrait un petit couple plan-plan, et de l'autre elle voudrait une passion débordante. Il faut savoir à quel jeu on joue bon sang.
Bref, inutile de continuer, sinon je passerais pour une espèce de parisienne-tête-de-chienne blasée de l'existence et incapable de savourer les histoires de ce genre. (je viens d'écrire "les histoires de ce genre" - et non "les films" de ce genre - lapsus révélateur: je n'ai à aucun moment été émerveillée par la mise en scène, ou la lumière, ou autre choix cinématographique...Alors à quoi bon voir un film plutôt que lire l'histoire en livre?) Mais revenons à nos moutons: cette critique doit finir. Elle va finir.
>> Petite question subsidiaire aux Arrageois qui pourraient me lire: est-ce qu'il y a vraiment tous les soirs de vieux hommes embiérés ou avinés qui entonnent des chants du Nord ? (ou bien, si nuisance sonore il y a, n'est-ce pas plutôt quelques jeunes de 15-16ans qui font les fous-fous en essayant de twerker?)