Alaska, la fille incomprise qui aurait pu s'appeler Taïga.
J'en suis venue à lire ce livre -en vo- parce qu'il hante mon dashbord tumblr depuis des mois. Je m'indigne d'ailleurs à ce propos, constatant un cruel manque d'originalité de la part de nos jeunes artisteux : "eh vas-y que je te balance un teen livre sur une couette, avec un mug de thé à coté" semble devenir une règle trop consciencieusement appliquée. Mais revenons à nos moutons.
Si vous êtes dans une humeur geignarde, égocentrée sur vos problèmes, voguant à travers les nuances grises entre la déprime et la dépression, ce livre passera comme du petit lait ! (allez, faute avouée, à moitié pardonnée: je me suis aussi fait un Sylvia Plath à la suite de celui là. Et j'ai regardé The Hours.)
Incomprise, Alaska le sera jusqu'au bout. Je suis donc restée sur ma faim: ok, le narrateur, Miles, nous donne ici un témoignage sensible sur sa relation avec cette jeune fille... mais dans une telle situation finale, j'eus apprécié que le narrateur s'extirpât* de cette focalisation pour passer en mode omniscient et nous donner une explication. Déjà qu'on souffre dans la vraie vie de n'avoir pas toutes les clefs pour comprendre les actions de ceux qui nous entourent, alors si cela se répercute en littérature, mes moutons, où allons nous ?!
Des moments très drôles (dont l'un digne du Cercle des Poètes Disparus - mais je ne vous en dit pas plus, de peur de spoiler) ! Quelques belles phrases (mais si vous trainez sur tumblr vous les connaitrez sans doute déjà - elles sont partout). Et Miles a une manie adorable, vous verrez.
Aussi, j'ai noté un problème qui est implicitement soulevé au coeur de cette histoire : le fait de posséder une bibliothèque a-t-il quelque chose de particulièrement séduisant ?...
Bref, rien de bien nouveau dans le champ de la littérature mettant en scène des jeunes dépressifs. Retournez à vos Salinger les gars, arrêtez de surcharger vos étagères.
Ou mieux, attaquez Woolf, d'une qualité littéraire merveilleuse. Ou si vous préférez l'efficace en matière de masochisme introspectif, tournez-vous vers Cioran. Mais je n'assure plus le service après-vente.
*appréciez la concordance des temps, qui est sans doute inexacte. Je n'ai pas pris la peine de vérifier, je voulais juste vous épater