Plutôt qu’un biopic, le Pasolini de l’américain Abel Ferrara, concentré sur la dernière journée du cinéaste italien, s’apparente davantage à une allégorie testamentaire et crépusculaire au cours de laquelle des souvenirs oniriques resurgissent comme autant d’évocations sur l’œuvre du réalisateur de Théorème. Esthétiquement magnifique (notamment toutes les scènes nocturnes dans Rome), le film déjoue totalement les codes habituels du biopic en le transformant en une sorte de fantaisie où se mêlent politique et philosophie, art et métaphysique. C’est brillant à tous points de vue, très stimulant tant sur le plan formel qu’intellectuel, parfois abscons dans la convocation des références, mais on ne peut s’empêcher de voir comme un lien entre celui qui perdit sa vie sur une plage d’Ostie et le réalisateur formaliste et sulfureux de New York.