Dafoe est un Pasolini parfait. Pas Ferrara.
L'âme de Pasolini est là. C'est l'homme, l'écrivain, le cinéaste, l'intellectuel engagé, le fils, que Ferrara convoque dans ce clair obscur élégant et respectueux qui souffre sans doute de ses qualités.
Dans sa volonté de tout dire en une journée, comme un instantané à multiples faces d'un homme aussi complexe que Pasolini, poète et écrivain aussi érudit que brillant, cinéaste singulier et provoquant, artiste engagé, homosexuel à la clandestinité assumée, Ferrara prend le risque d'une succession de vignettes illustratives. L'interprétation qu'il fait de son assassinat sur la plage d'Ostie est la plus probable et nous glace le sang. Sans doute atteint-il là le véritable objectif de son film, sans doute est-ce là que le film prend chair. Sans doute est-ce trop tard.
Willem Dafoe est parfait, tout comme Maria de Medeiros magnifiquement transformée en Laura Betti. La mise en scène est particulièrement soignée, le propos fort louable. Mais que Ferrara apporte-t-il à Pasolini ? La question est évidente, et la réponse aussi : pas grand chose.