Passion
Passion

Film de Jürgen Reble (1990)

Faire-part de naissance expérimental

Les films évoluant dans de telles sphères expérimentales capables de retenir un minimum mon attention sont relativement rares. Sans doute que la trame narrative de "Passion", aussi rachitique et déstructurée qu'elle soit, n'y est pas étrangère. Comme souvent dans ce registre, j'ai plus la sensation qu'il s'agit d'une œuvre de musée que d'un vrai film. Toutefois le message de Jürgen Reble reste suffisamment intelligible pour ne pas provoquer mon indifférence ou mon dégoût.


Jürgen Reble fait partie dans les années 70-80 d'un mouvement artistique allemand adepte de différentes manipulations de la pellicule Super 8 : il s'agit de la mettre à l'épreuve des bactéries, du climat, de diverses manipulations chimiques. Ils prennent des pellicules de film et les enterrent, les accrochent à des arbres, ou les plongent dans un étang pendant une durée variable (quelques heures à quelques années) pour voir l'effet produit sur le substrat cinématographique.


L'idée est de faire un film-voyage à destination de son propre enfant pas encore né. J'ai un peu de mal à saisir l'objectif puisqu'il ne lui montrera vraisemblablement pas cet objet avant longtemps, mais peu importe. L'ensemble navigue entre l'intelligible et l'illisible total, rendant le visionnage un peu hasardeux. Il suffit d'écouter Reble en parler, après tout : "les champs de perception les plus intéressants sont situés aux limites de l'obscurité et du silence, aux frontières de l'identification. Dans la quasi-obscurité, le cortex commence à s'animer et à produire des images dont on ne sait si on les voit ou les imagine." Pas inintéressant, mais largement sous-exploité à mon sens (qui peine à en saisir le sens, d'ailleurs). Et je suppose que la fin est une métaphore bizarre, où l'être vivant en passe de naître est représenté comme un homme nu traçant des figures étranges au sol, dans une atmosphère angoissante à la limite du mystique, avant de regarder par la fenêtre, comme le monde qui s'ouvre devant lui. La nature, toujours là, belle ou menaçante.


Très perché, mais pas désagréable à suivre.

Créée

le 14 mai 2019

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Morrinson

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