Film intéressant du point de vue historique, en ce sens qu'il annonce tout un pan de la Nouvelle Vague (japonaise, mais aussi française, et c'est donc sans surprise qu'on apprend que Truffaut avait encensé le film lors de sa distribution en France) dès la deuxième moitié des années 1950. Il y a une longue liste de caractéristiques étonnantes pour un film de cette décennie, l'ambiance musicale baignant dans le jazz occidental typique d'un courant de la décennie suivante, la focalisation sur une bande d'adolescents revendiquant leur je-m'en-foutisme, et enfin ce triangle amoureux qui se met en place progressivement. Bizarrement, la façon de filmer ces personnages, ces lieux en bord de mer, cette attente un peu obsédante, m'a fait penser au "Monika" de Bergman sorti 3 ans plus tôt (1953).


La licence avec laquelle est décrite le quotidien de cette jeunesse désœuvrée était manifestement en décalage avec les habitudes de l'époque, et "Passions juvéniles" fut l'objet de controverses à sa sortie précisément pour ce tableau qu'il en faisait. Avec le recul, il est vrai qu'il se dégage une vraie modernité dans le récit de ces deux frères appartenant à la bande appelée "enfants du soleil" qui tombent sous le charme de la même fille. Après, j'ai eu un peu de mal avec le remplissage, une fois la base des enjeux posée — le plus jeune est timide et farouche, l'aîné est beaucoup plus entreprenant et manipulateur. Une compétition s'installe et le film se lance dans une analyse sociale de la déviance du grand-frère, qui jouit d'un avantage puisqu'il a lui seul accès à des informations (la fille est mariée à un riche occidental) : il compte bien mettre cela à contribution.


C'est davantage l'ambiance globale qui m'a convaincu, les romances adolescentes estivales et lacustres, la liberté sexuelle dépeinte au sein de ce microcosme, la petite révolution opérée par la jeunesse assez peu raccord avec les habitudes de la génération précédente. Et les quelques notes érotiques éparses. Moins emballé par tout ce qui a trait à la jalousie grandissante et cette conclusion particulièrement précipitée qui échoue à concrétiser l'apogée de la violence.

Morrinson
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le 4 nov. 2024

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