Survivre
Le titre l'indique, l'action se passe en Patagonie, c'est à dire en Argentine. Ses pampas, ses troupeaux de moutons, la cordillère des Andes en ligne de mire, avec ses pics enneigés en toutes...
Par
le 4 juil. 2017
5 j'aime
2
Rarement un film sera parvenu à être à ce point à l'image de son sujet : "Patagonia, el invierno" - dont le titre original est "El Invierno", "L'Hiver" - est un film âpre, rude et superbe, altier, fascinant, comme le sont les paysages de la Patagonie éponyme. Ce sont eux qui apparaissent d'ailleurs en premier à l'écran, vaste pampa légèrement ondulante et brûlée par le froid, trouée de quelques lacs épars et d'anfractuosités de mer, et barrée, en fond, par un chapelet de montagnes découpées en aiguilles comme seul semble pouvoir en produire un imaginaire d'artiste. Quelques chevaux à demi sauvages se trouvent là, semblant plus à même, avec leurs quatre pattes, que les hominidés bipèdes, de résister au vent inlassable qui s'acharne sur cette langue de terre.
Le réalisateur, Emiliano Torres, énonce volontiers son désir de faire de cette région extrême le troisième personnage du film, aux côtés des deux hommes qui s'affronteront pour elle. En réalité, les paysages recueillis par son objectif se posent d'emblée en personnage dominant, pareil à l'ogre des contes qui ne fait qu'une bouchée des petits êtres qui s'agitent à ses pieds. Dominants, ils le sont par l'ampleur, la taille, mais aussi la majesté et le pouvoir de séduction.
Pourtant, les acteurs choisis parviennent à s'imposer, chacun à sa manière : Alejandro Sieveking, le visage aussi raviné que les paysages, mais empreint d'une noblesse hiératique, incarne Evans, responsable de l'hacienda éleveuse de moutons et de chevaux qui lui impose une mise en retraite aussi brusque que peu désirée. A la manière d'un Don Quichotte des temps modernes, il refuse ce réel et lance sa haute et droite silhouette dans un combat voué à l'échec. Cristian Salguero, plus petit, trapu, mais doté d'une agilité et d'une habileté animales, est Jara, l'homme plus jeune qui lui succédera et tentera de lui résister...
"Patagonia, el invierno" est un grand film, qui tout à la fois nous transporte aux antipodes et nous fait retrouver des sentiments intimes et familiers : l'attachement à un sol, la force et la grandeur de l'univers qui nous charrie ; face à elles, notre difficulté, toute humaine, à accepter le passage du temps, à laisser la place, au propre comme au figuré...
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 3 juil. 2017
Critique lue 443 fois
6 j'aime
D'autres avis sur Patagonia, el invierno
Le titre l'indique, l'action se passe en Patagonie, c'est à dire en Argentine. Ses pampas, ses troupeaux de moutons, la cordillère des Andes en ligne de mire, avec ses pics enneigés en toutes...
Par
le 4 juil. 2017
5 j'aime
2
Le vieil Evans a travaillé toute sa vie dans un ranch isolé en Patagonie, au sud de l'Argentine. Rattrapé par son âge, il est renvoyé par le dirigeant de l'Estancia et remplacé par Jara, un homme...
le 4 juil. 2017
4 j'aime
Un western argentin des temps modernes, où les héros sont aussi mutiques que ceux de Sergio Leone (on est obligé d'y penser !). Le rythme est lent, les paysages superbes, les personnages crus et...
Par
le 30 juil. 2017
1 j'aime
Du même critique
Le rêve inaugural dit tout, présentant le dormeur, Pierre (Swan Arlaud), s'éveillant dans le même espace, mi-étable, mi-chambre, que ses vaches, puis peinant à se frayer un passage entre leurs flancs...
le 17 août 2017
80 j'aime
33
Sarah Suco est folle ! C’est du moins ce que l’on pourrait croire lorsque l’on voit la jeune femme débouler dans la salle, à la fin de la projection de son premier long-métrage, les lumières encore...
le 14 nov. 2019
75 j'aime
21
Marx a du moins gagné sur un point : toutes les foules, qu’elles se considèrent ou non comme marxistes, s’entendent à regarder le travail comme une « aliénation ». Les nazis ont achevé de favoriser...
le 26 août 2019
71 j'aime
3