Tout simplement parce que le film passe vite et qu’en plus de cela, il passe bien.
Bien sûr, pas de grandes prétentions : l’image est parfois maladroite, et plus d’un plan paraîtra sans originalité. Bien sûr aussi, l’action se concentre sur un espace très restreint qui pourrait ennuyer nos yeux à la longue.
Pourtant, ce n’est pas le cas : malgré ses (presque) deux heures, le film présente très peu de longueurs.
Pas de lourdeur à déclarer non plus : on ne tombe pas ici dans le pathos dégoulinant qui devrait nous faire pleurer sur ces personnages : au contraire, on s’attache plutôt à ceux-ci.
En se concentrant de manière resserrée sur un petit groupe, les personnalités sont développées à souhait, donnant une réelle impression de proximité avec eux. On apprend à voir plus loin que les fêlures physiques : ici, c’est davantage les fêlures de l’esprit et les forces de l’Homme qui sont décrites. Le quotidien aussi, puisque le film nous propose de faire un tour des lieux visités par le protagoniste, en rapproché.
Évidemment, ce quotidien est souvent dur. Les difficultés du handicap sont évoquées, mais avec retenue et pudeur : les problèmes d’intimité, les corps qui ne suivent pas les têtes, les envies de mort… Mais là encore, c’est au spectateur de comprendre et de ressentir, sans parcours voulu et prédéfini par les réalisateurs.
Mention spéciale également à tous les personnages de second plan qui permettent une approche plus profonde du sujet : que ce soit les parents, Jean-Marie et autres soignants ou encore Samir.
Les moments durs alternent avec quelques drôleries qui permettent de ne pas plomber le film dans la noirceur. Car en réalité, ce dernier reste frais et intelligent. Par ce traitement comique, il se fait accessible au plus grand nombre. Par son réalisme, il se fait témoin de la vie. De cette vie où, immanquablement, se présentent quelques adieux manqués. Pas question d’excès : quelques larmes peut-être, mais quelques rires aussi et avant tout.
L'oeuvre réalisée par Grand Corps Malade et Mehdi Idir gagne ici un paris : celui de montrer le handicap mais avant tout les personnes et personnalités dans ces fauteuils.
Patients montre alors la diversité des parcours et la singularité de chacun, redonnant place à l’individu.
Et quoi de mieux pour témoigner et pour survivre que l’humour et le rire ?