Patients est un film français assez surprenant mais qui n'a pourtant pas recours à des éléments fictionnels. Lorsqu'on lit le synopsis, on s'attend à pleurer pendant 1h30 en assistant à au
drame qui va bouleverser la vie d'un jeune homme, on s'attend à ingérer des morceaux de pianos déprimants comme dans Intouchables...
Mais le réalisateur réussi à émouvoir son auditoire sans recourir à la musique ou à l'apitoiement des personnages. D'ailleurs l'accident n'est même pas montré mais est évoqué de manière assez floue. On a donc aucune information sur la responsabilité de la victime mais pourtant, impossible de ne pas s'attacher à Ben et de ne pas être ému par son histoire. Le réalisateur a choisi une mise en scène simple et vraie ; le personnage principal narre le récit, les personnages secondaires, également handicapés, ne chouinent pas sans cesse à la caméra ni ne se plaignent. Ils nous offrent uniquement leur quotidien, que nous connaissons à vrai dire très mal et nous emmène dans le long chemin de la rééducation tant physique que morale, ce qui nous pousse à réfléchir... Aucun artifice, aucune prétention, le seul mot d'ordre du film me paraît être : Le REEL. Néanmoins j'ai trouvé dommage d'entendre durant toute la durée du film un langage de rue parfois trop abrupte et vulgaire qui a créer un ethos figé de "jeune de quartier" en mettant les personnages dans des cases... Peut-être est-ce la conséquence d'un trop plein de réalité ?
Enfin la co-réalisation du chef de fil du Slam français, Grand Corps Malade, lui même atteint d'un handicap depuis son adolescence n'est pas anodin. En effet lors d'une colonie de vacances qu’il anime, il fait un plongeon dans une piscine dont le niveau d'eau est trop bas. Les vertèbres déplacées, il est évacué en hélicoptère. Bien qu'on lui ait annoncé qu'il resterait probablement paralysé, il retrouve l'usage de ses jambes en 1999, après une année de rééducation. Il y a donc fort à parier que le personnage ait eu ce même accident. C'est donc pour l'artiste une manière de dire à travers ce film qu'il est possible de s'en sortir parfois mieux que ce que les médecins prévoient. Le film à teinte autobiographique a donc une réelle portée didactique.