Le rap j’y vais plutôt à reculons, pas ma came, pas ma zik, un flow qui ne me parle pas.
Pour mettre les pieds dans le plat Patti Cakes c’est un peu 8 miles qui croise Precious avec le décalage d’un Dope. On sent d’emblée que le film se fait une coque à part, malgré un scénario prévisible, l’énergie et les personnages offrent une autre vision d’un biopic lambda ; mais là encore surprise, le film est une fiction. Geremy Jasper se fait donc plaisir en écrivant un film bien calibré mais pourtant bien mené. Le contre-pied vient d’une vision plus étendue du rap, entre battles pitoyables à base de « suce bite » où tout le monde crie sa haine de manière peu subtile, et un rap plus couillu de vérité trash. Difficile au départ de se dire qu’on va supporter du bas de gamme, mais c’est sans compter sur une Beth Dito (on y a tous pensé) à l’énergie débordante. La poétesse déclame alors sa haine d’une vie banale, entre pauvreté et illusion. La rencontre improbable du rap et du hardcore accentue encore plus le décalage d’un film qui assume le cliché du rappeur pour mieux s’en détourner. Chose surprenante j’ai aimé la musique, « PBNJ » vous trottant dans la tête, accentuant par moment des frissons. Alors certes le scénario n‘est pas si différent des autres mais Patti Cakes à ce petit quelque chose en plus, certainement du à sa forme de film « indé » qui lui donne une fraîcheur autant qu’une légitimité sur un sujet pourtant peu glorieux. Mais c’est la positivité qui prime tout au long du film, malgré le vomi de maman, la hanche douloureuse de mamie ou les deux boulots cumulés pour payer les factures. On s’envole, et on suit avec délice la vie de Patti.