Extrême, pulsionnel, singulier : bienvenue dans le Cinéma-essence du regretté Paul Sharits, succession de travaux expérimentaux s'étalant sur une vingtaine d'années allant du début des années 60 à la fin des années 80. Artiste total, poète de tous les instants Sharits eu pour projet d'apposer sur la pellicule ses troubles et ses obsessions mentales en utilisant une forme purement abstraite mêlée de couleurs synthétiques et d'agressions scopiques. Jouant principalement sur la question du photogramme ( dénominateur commun de pratiquement tous ses films ) et des innombrables manières de l'intercaler, de le triturer ou même de le dé-composer au coeur d'un métrage donné le Cinéma de Paul Sharits se situe moins du point de vue de son auteur-émetteur que dans celui de son spectateur-récepteur : une Oeuvre chaude, violente et librement interactive décuplant les stimuli en fonction de chaque individualité.
Le documentaire de François Miron, linéaire et parfois illustratif, ne tombe néanmoins jamais dans l'écueil du film scolaire et impersonnel. Entre les interventions d'amis proches et la retranscription des échanges épistolaires liant Paul Sharits à l'incontournable Stan Brakhage ledit film emprunte à la singularité sensorielle de son Sujet, témoignant du parcours pour le moins tourmenté du réalisateur... Les extraits de bon nombre de ses films permettent aux néophytes d'appréhender un univers jouant en permanence sur les sensations psychophysiques du spectateur, Oeuvre trouble et troublante en forme de Septième Art définitif. Passionnant et instructif.