Aie aie aie... J'ai tout compris à la fin du film quand "l'équipe de tournage" - en fait la réa et sa famille - est venu dans la salle: «Je pensais pas en faire un film» commenca la réalisatrice. Ceci explique cela. Mais alors Emilie, pourquoi en est-il devenu un?
Ce qu'on entend en sortant de la salle: on dit que c'est la vraie vie, c'est "cinémavérité", c'est bancale, c'est amateur, j'ai entendu dire "c'est nouveau". Un ado qui parle de ses potes devant MSN et qui insulte ses parents devant une caméra qui en demande toujours plus, moi ça me fait juste penser aux parodies de Clément le Nolife qu'on trouvait en 2007 sur internet quand on s’extasiait devant les ressources Youtube.
C'est vrai, l'image est crade, y'a du grains numérique, de la buée, des flous, des tremblements, les paroles sont parfois inaudibles mais ça encore, passé les 15 premières minutes du film on s'y habitue, et ces problèmes ne deviennent que mineurs à la vue de ceux qui arrivent. Le problème vient pas de cette esthétique attestant d'une ignorance de toute technique cinématographique (elle l'a dit elle même, puis s'est justifié en pointant son goût pour la matière car elle avait fait une formation de plasticienne...ce qui justifie complètement qu'elle ne sait pas se servir d'une caméra), - elle est assumée est finalement avec un cachet d'aspirine et un peu de bonne volonté, moins dérangeante que cela - mais plutôt de ce que la caméra filme.
Les regards-cam et dialogues avec la caméra sont ici le témoignage de la connaissance qu'a l'actrice de se faire filmer. Je dis "actrice" malgré les dires de la réa qui affirmait avoir filmé sa famille. En effet, ils ont pas fait les cours Florent mais les personnages savent qu'ils sont filmés, et je dis "la" parce que c'est paulino-centré. C'est fatalement tout le problème du film qui de un, veut saisir une réalité avec des dispositifs qui dénature les sujets, de deux se focalise sur une personne à laquelle il est parfois difficile d'adhérer. Pauline est en fait agaçante. Manque de bol, c'est le centre du film. J'ai jamais eu de soeur, et bon dieu ce film me conforte dans l'idée que c'est une bonne chose. Pour déceler de bonnes choses dans ce personnage/personne de Pauline (oui je suis persévérant) il faut mettre de côté ses réflexions de fille de 15ans, ses manies, ses tics de langages, ses répétitions que nous impose le film pendant un gros moment, pour percevoir en elle une évolution. Bon c'est pas fou, presque microscopique, et ne répond pas du tout à l'attente posé en début du film.
Malgré l’excentricité du père ( travesti ) les problèmes sont communs et rébarbatifs. "Ça touche tout le monde". Oui, enfin il ne suffit pas de parler d'un sujet banal pour toucher tout le monde, je pourrai faire éclater le box-office sinon. C'est bête, le travestissement de son père n'est que décors: Un tiers du film repasse ces archives où on le voit danser en femme, sans jamais rentrer dans une profondeur quelconque (il était peut être là le sujet), comme si il y avait là cachée derrière cette présentation, une fierté de d'exprimer l'originalité de son père, qui pourtant lui a causé tant tort.
Aussi, ce qui aurait été intéressant c'est de voir la réalisatrice elle-même filmée dans son activité de portraitiste. C'est vrai quoi, Quand papa prenait une photo de famille devant la cascade d'Ars après de longues heures de marche, il mettait le retardateur et venait se joindre à nous. Elle dépeint sa famille sans y être, c'est dommage. Finalement, c'est elle qui détonne dans cette famille, c'est elle qui a pris la caméra et qui veut s'exprimer... Quitte à assumer une esthétique quasi-gonzo, autant le faire à fond.

Florent_Honegger
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le 24 déc. 2015

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