Avec son affiche remplie de têtes connues, Forest Whitaker (Ghost Dog, Le Dernier Roi d’Écosse), Ray Liotta (Les Affranchis, Narc), Stephen Lang (Avatar, Don’t Breathe) ou encore Michael Chiklis (la série The Shield, Les 4 Fantastiques), et son histoire de prise d’otage, Pawn avait tout pour être la petite bobine efficace pour passer un bon moment de détente sans se prendre trop la tête. Sauf qu’il ne suffit pas d’un casting de vieux briscards pour faire un bon film, Pawn en est l’exemple même. Sous ses airs de téléfilm de luxe, le film se prend les pieds dans des ambitions beaucoup trop grandes pour un réalisateur novice en matière de mise en scène. Il en résulte au final un film qui certes se regarde, mais qui s’oublie aussitôt que le générique de fin retentit. Et c’est bien dommage car il y avait moyen de faire quelque chose de bien plus aboutit.
Directeur de la photographie entre autres sur la saga Saw (ce qui n’est pas non plus un fait d’arme exceptionnel tant cette saga ne brille pas par son visuel), David A. Amstrong s’essaie pour sa première réalisation au scénario de la prise d’otage, un exercice assez casse gueule tant cela a déjà été fait et refait maintes fois, surtout lorsqu’on ne nous alloue pas le budget à la hauteur de nos ambitions. Et on sent très rapidement que le spectacle auquel on va assister ne sera pas des plus reluisants. Pawn commence pourtant plutôt bien. La tension monte assez vite, le braquage puis la prise d’otages se mettent en place. Sauf qu’au bout d’environ 30 minutes, tout cela retombe petit à petit, un peu comme un soufflé mal cuit qu’on vient de sortir d’un four à 220°. La faute à un scénario se cherchant de la complexité là où il n’y en avait pas besoin. Pawn est un film « puzzle », dans lequel il va falloir remettre les scènes dans l’ordre. On nous distille les informations via des flashbacks, des scènes nous sont présentées sous l’angle de vue de différents personnages à des moments différents du film. L’idée en soi est louable et certaines idées de montage sont des plus sympathiques. Mais très rapidement, cela donne à ce montage un côté très artificiel car tout ça est inutilement complexe, semble-t-il juste là pour cacher la relative simplicité du scénario qui nous est présenté. Le film s’aventure dans les rebondissements à répétition souvent très prévisibles et, du coup, le résultat est assez fade car déjà vu et revu.
Qui dit huis-clos dans un lieu quasi unique dit film avec des personnages bien travaillés. Là non plus, ce n’est pas une science exacte. Le casting va du moyen au carrément mauvais et on a l’impression d’un gros laisser aller sur la direction d’acteurs. Certains se donnent clairement à fond (le jeune héros), d’autres semblent simplement attendre que le temps passe. Et on se sent quelque peu floué par une jaquette mensongère dans le sens où, aussi bien Ray Liotta que Forest Whitaker, n’ont chacun guère plus de 5 minutes de présence à l’écran, pour au final des prestations sans éclat, fades. Et oui, il faut payer ses impôts et donc on accepte tous les rôles qu’on nous donne. Il faut dire qu’ils ne sont pas aidés par des dialogues souvent à la ramasse, ne faisant jamais preuve d’une once d’originalité. C’est le film dans son ensemble qui fait preuve d’un classicisme de tous les instants. On retrouve encore et toujours des flics corrompus, encore et toujours le pauvre mec qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, le mafieux qui chapeaute tout, … Vraiment absolument rien de neuf sous le soleil et l’ensemble est clairement sans saveur. Si au moins le film était efficace, cela pourrait compenser, mais là non plus, rien de vraiment palpitant. Soyons clair, le film se regarde. Sans grand entrain, mais il se regarde. Mais quand un film ne vous fait passer par strictement aucune émotion, c’est que le pari est raté.
Avec son casting solide, du moins sur le papier, et son histoire de braquage / prise d’otage, Pawn aurait pu être une série B solide et agréable. Il n’en est rien. Et même si, grâce à sa courte durée, il se regarde sans ennui, il y a clairement bien meilleur dans le genre.
Critique originale : ICI