A6-B3 : John, le Citron a coulé mon porte-avion à 3 ponts !
Ah, Pearl Harbour. Désolé Ben, tu as pourtant l'air sympa et je t'ai déjà bien astiqué pour Daredevil. Désolé Josh, je boirais bien un godet avec toi, mais loin de Hawaï. Désolé Kate, mais ... ben Kate quoi.
J'adore les avions depuis tout petit, syndrome Têtes Brûlées. Ici les Zéro et autres P40 sont superbes, tout comme les Spitfires de la scène anglaise. Il y a un aspect jubilatoire dans les scènes d'actions, ce décollage de fou de P40, cette course folle de bombe nippone. Il est clair que ça claque. Alors, où est le problème docteur ? Dans le titre pour commencer.
Pearl Harbour, son affiche, tout évoque un film de guerre. Le soucis réside dans un constat simple : c'est Dawson à la plage et dans les parachutes. Ce film est au drame historico-guerrier ce que je suis à la papauté : un abîme absolu. Pearl Harbour est transformée en jour de fin du monde genre 2012, là où l'attaque, violente, a fait assez peu de victime. Les bombes lâchées en grappe par des Zéros et autres Val, avions transportant une bombe, généralement pour le piqué, la classe. On continue ? Ok : spitfire 4 pales, donc modèle 43, pas vraiment 41. "Je sens l'imminence d'une attaque jap" : foutaise, Kimmel n'a rien glandé. Je vous épargne les erreurs d'uniforme, les répliques débiles des japonais, la mièvrerie généralisée (oui mais c'est raccord avec Dawson à la plage). Il y a une inversion totale entre l'Oklahoma et l'Arizona, Roosevelt qui se lève devant l'Etat-Major. Et puis ce plan de Kate en mode "Ô My God" suivi de ce linge qui flotte au vent devant ... une croix latine sur laquelle il ne manque que Jésus (pour le plaisir regardez la bande annonce, à 1minute 09).
M.Bay avait dit qu'il jubilait à l'idée de faire sauter des bateaux : ça, au moins, il l'a réussi. Pour le reste ce film est loin de toute réalité de ce que fut Pearl Harbour. Le soucis c'est que pour beaucoup le cinéma "historique" tient lieu de vérité absolue. Il faut aller voir du côté de Tora Tora Tora pour approcher une vérité plus correcte.
Ce film est fait pour les midinettes en mal d'amourette, pour jubiler devant son écran et en prendre plein la gueule avec son paquet de pop-corn. A moins que ce ne soit un objet d'étude pour illustrer tout ce que n'est pas une reconstitution historique. A force de draguer la ménagère en mal de romantisme ou la jeune lycéenne en transe devant Ben Et Josh, de tenter de flatter l'égo purement masculin à base de boxe improbable, d'explosion wathefuckesques, de cris, de rase motte de P40 tellement funs qu'on se croirait dans GTA, on bascule dans le grotesque. La défaite devient victoire jubilatoire, l'agression sauvage et sournoise permet à l'impérialisme vengeur de sortir par le haut. Kate peut même se permettre un "After it, there was nothing but victory" qui lave l'affront des Philippines de Mac Arthur et, allons-y à fond, la Corée ou le Vietnam.
Il ne suffit donc pas de beaux gosses, d'une belle cagole, d'une pompe tragique, d'explosions, d'un Zimmer au top des larmes, de belles images, de ralentis et autres dialogues larmoyants pour effacer le sentiment d'être devant ce que la volonté d'associer cinoche populaire et histoire peut produire de plus ridicule et divertissant. Oui, divertissant : Bay pour le coup parvient totalement à faire passer des vessies pour des lanternes, à nous sortir de toute velléité d'une amorce de réflexion.
Ben, sincèrement, fais gaffe lorsque tu acceptes un scénario. Au moins Josh a réussi à s'en sortir, lui.
Edit 2013 ; correction de quelques coquilles ...