On ne peut pas dire que Pédale Douce pense la comédie comme un art à part entière ; sa forme est pauvre, peu inventive et surtout répétitive. Pourtant, il se dégage de l’ensemble un je-ne-sais-quoi d’humain qui touche le cœur, une franche sympathie à l’égard des personnages qui, parce qu’ils bousculent les clichés dont ils sont de prime abord les vecteurs, offrent au spectateur une réelle profondeur émotionnelle. Cela repose donc essentiellement sur l’interprétation des comédiens qui s’en donnent à cœur joie, et sur l’écriture des dialogues, souvent fort percutants (et signés Pierre Palmade). Mention spéciale au personnage d’Adrien Lemoine, campé par un Jacques Gamblin jubilatoire qui trouve dans son tête-à-tête avec Richard Berry une drôlerie burlesque des plus entraînantes. Loin d’être un grand film et une excellente comédie, Pédale Douce rappelle néanmoins que des sujets sensibles pouvaient – il y a peu – être traités frontalement sans, en contrepartie, insulter les communautés concernées. Et qu’en orchestrant par le rire le choc des cultures et ici des orientations sexuelles, la comédie est capable de dédiaboliser les clivages sociétaux, d’homogénéiser les cœurs et de rassembler.