Comédie rafraîchissante qui devrait être monter dans les écoles. La boutade n'est pas loin d'être une petite vérité de mon cœur. Je m'explique. L'actualité en France ou ailleurs (les exemples ne manquent pas) prouve que l'homophobie est une de ces humanophobies qui cassent les rapports humains. Or, le cinéma est parmi les vecteurs de réflexion celui qui amène souvent une vision un peu plus sereine sur ce genre de problème social, politique et moral.

Pédale douce est une comédie très simple, dont l'humour est disons ordinaire, chargé de multiples clichés, monté sur une trame banale et sans grande surprise, certes. Mais cet humour n'est pas sans mérite, notamment celui de porter un regard normatif. Justement, en traçant une ligne narrative classique, le scénario dissout, ou du moins tend à dissoudre la marginalité de l'homosexualité.

Plus que de l'homosexualité, le film parle d'homophobie. Sur l'homosexualité, le film se contente d'effleurer, en parsemant l'histoire de personnages et d'illustrations folkloriques. Ce n'est pas son propos principal. Ce qui intéresse Aghion, ce sont bien les rapports humains, de dépendance, d'amour, de socialisation, la tolérance, l'ignorance. Le film définit bien donc ce sur quoi se fonde souvent la vision homophobe, et pas seulement avec le personnage joué par Richard Berry qui charrie son lot de stéréotypes lui aussi. On brasse toutes sortes de thèmes, l'homoparentalité, les ravages du sida, la peur, la difficulté dans les milieux professionnels.

Aussi peut-on, doit-on même, mettre un mouchoir sur le côté festif, "cage aux folles", qui peut au pire irriter les plus pointilleux. Ou alors s'en amuser, comme semble le faire Pierre Palmade, dont les dialogues sont par moment assez savoureux. Ou bien encore on peut profiter du jeu de certains comédiens. Le film en regorge.

Beaucoup ont cru bon de se réveiller à l'époque de la sortie de ce film et ont découvert que Fanny Ardant était une bonne actrice (sous-entendu : qu'elle pouvait être drôle et jouer dans une comédie).

Pédale douce fait également partie des premiers films qui ont marqué l'émergence d'un comédien très doué, Jacques Gamblin.

Personnellement, j'ai un gros faible pour Michèle Laroque, toujours aussi efficace et juste dans le tempo, dégageant quelque chose qui me charme toujours autant de force. Irrésistible.

Un film coloré mais dont les teintes grises sont amenées avec justesse. Un film peut-être pas tout à fait maîtrisé, mais qui tente d'apporter une certaine fraîcheur à l'image de l'homosexualité.
Alligator
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le 19 nov. 2013

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