Pedicab Driver
7.6
Pedicab Driver

Film de Sammo Hung (1989)

Il n’y a bien que Sammo pour allier avec autant de fluidité la comédie balourde HK et le kung-fu pian ultra sec à une storyline d’un noir absolu. L’aisance avec laquelle il gère ses ruptures de ton est assez dingue, passant d’une scène débile où un maître pâtissier essaye de séduire l’une de ses apprenties à des mises à mort sordides orchestrées par un parrain local fou furieux sans que jamais ça ne choque. Au contraire, ce mélange des genres permet au film de se tenir, aux violons de ne pas se faire trop entendre quand ils jouent ou à l’absurde de redonner le sourire après que les protagonistes sont tombés les uns après les autres sur le champ de bataille.


Un alchimiste qui condense le meilleur du cinéma HK, mais pas seulement. Un technicien hors pair également, il n’y a pas une séquence martiale de Pedicab Driver qui se contente de peu : les décors volent en éclat à chaque montée dans les tours, les chorégraphies sont dantesques et les corps souffrent le martyre. Même quand les coups ne pleuvent pas, la caméra est précise, les plans flatteurs et réfléchis. On pourra arguer sur certains ralentis discutables, mais mince, ils sont toujours les vecteurs d’une cascade complètement marteau, de quoi les tolérer avec le sourire. Et puis, la science du montage dont fait preuve Sammo est à un tel niveau que chaque coup de latte est exploité à 300%. Pendant 1h30 propulsée à un rythme d’enfer, il n’y a pas deux minutes qui passent sans qu’on écarquille les yeux d’admiration pour les prouesses physique d’un galerie d’acrobates livrant le meilleur à leur chef d’orchestre, ce dernier étant dans les starting-block pour montrer l’exemple. Sammo Hung, un cinéaste généreux, mais avant tout un acrobate de la tatane qui ne se ménage jamais. Ce sens du spectacle qu’il cultive depuis la Peking Opera School, et qui ne l’a jamais quitté, s’exprime dans chaque parcelle de Pedicab Driver. Qui d’autre que lui pourrait s’autoriser un hommage à Star Wars via un duel au sabre laser, le tout avec des néons et des bruitages typés sample After Effect sans que ça paraisse ridicule…


Cette manière qu’il a de dédramatiser la violence est unique en son genre. La fin en est l’exemple le plus parlant, alors que depuis une demi-heure les morts n’ont fait que s’empiler, les 4 survivants se font des blagounettes avant de rendre l’antenne. Il ne faudrait pas oublier qu’on est au cinéma, et qu’il faut avant tout prendre son pied. Un discours auquel j’adhère sans aucune réserve, qu’il est plaisant de finir les hostilités avec le sourire, tout en étant conscient que tout ce qui a été dit n’est léger qu’en apparence. Qu’on ne s’y trompe pas, planqué derrière le masque de sa bonhommie, Sammo taille à la machette les mentalités,


[SPOIL]dans le cas présent à travers le destin sans papillon de sa prostituée amoureuse.[SPOIL]


Il y a des films qu’on lance confiant parce qu’on sait qu’on y trouvera son compte. Comme prévu j’ai pris ma gifle, retrouvé mes 12 ans pendant 1h30. L’après séance est heureux, Pedicab Driver devient mon préféré du bonhomme à la panse généreuse (j’ai encore pas mal de films à découvrir de sa main, et c’est tant mieux) mais je suis également un peu en mode vieux con : où sont-ils, les réalisateurs contemporains, qui peuvent nous proposer une telle fougue sur grand écran ? La question reste posée, malheureusement…


… et qu’on ne me cite pas Gareth Evans ^^'


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oso
9
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le 20 août 2016

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oso

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