1939, dans le royaume de Navarre. Le roi (Alessandro Nivola) a décidé avec trois amis de faire le vœu d’étudier pendant 3 ans, loin des plaisirs du monde. En conséquence, aucune femme n’est plus admise à la Cour de Navarre durant ce délai. C’est évidemment ce moment-là que choisit la fille du roi de France (Alicia Silverstone), accompagnée par trois suivantes, pour venir en Navarre discuter d’un traité avec le roi…
A l’image de Beaucoup de bruit pour rien, déjà adaptée par Branagh, et même sans doute plus encore, l’argument de cette pièce de Shakespeare n’est qu’un prétexte pour le dramaturge à mettre en scène des dilemmes amoureux écrits avec son esprit habituel. C’est dire que les dialogues sont comme toujours savoureux et parfaitement écrits.
Mais comme Branagh aime l’originalité, il transpose cette fois son récit dans l’Europe de la fin des années 1930. C’est l’occasion pour lui de marier au texte de Shakespeare des chansons de cette époque (George Gershwin, Cole Porter, Jerome Kern, Irving Berlin…) et de les mettre en scène dans la plus grande tradition des comédies musicales de l’âge d’or hollywoodien. C’est ainsi que le kitsch tant affectionné par Branagh trouve, ici plus que jamais, sa raison d’être, et ce sont sans doute les numéros musicaux, qu’on croirait sortis tout droit d’un Gene Kelly, qui méritent le plus de retenir notre attention.
Malgré un montage parfois hésitant, quelques numéros d’acteurs assez lourds (Timothy Spall cabotine à qui mieux mieux dans le rôle du clown de service, remplaçant le Michael Keaton de Beaucoup de bruit pour rien) ou des détours scénaristiques visant juste à intégrer une chanson en particulier, on se laisse vite emporter par l’entrain des acteurs, particulièrement communicatif, pour goûter cette ambiance si particulière et si inattendue d’un Shakespeare version Broadway.