"On est restés indépendants, moi et Fanny Ardant"

À mi-chemin entre cage et cachot, il y a cageot. À mi-chemin entre Gaspard va au mariage et Réalité, on trouve Perdrix.
Comédie réjouissante, amours perdues au fin fond des Vosges (là où les mères, Fanny Ardant ou pas, animent les radios libres et préparent des packs de glaces), famille-tribu, voiture égarée et — comble de joie — journaux intimes à gogo à la forme poussée à son paroxysme par cette intrigante Juliette Webb : écrire les jours de sa vie.
Sublime, terriblement mystérieuse ("indraguable", dit-elle) Maud Wyler. Charismatique Swann Arlaud, flic perdrix-perdu face à cette famille, dysfonctionnelle peut-être, mais terriblement touchante. Nicolas Maury et ses lombrics, sa fille pongiste, ses sorties scolaires. Fanny Ardant, un deuil à faire, des lettres "à poster" sur une tombe, un tableau à remettre droit.
Dans ce film, rien n'est vraiment expliqué, mais rien ne demande vraiment explication : subtil dosage de scènes comiques (reconstitutions historiques muettes, cité-de-la-peuresque) et d'une esthétique marquée, à grands renforts de nuit américaine et de stroboscopes sur fond de Tchiki-boum de Niagara.
C'est un film plaisant, drôle et attachant, marqué esthétiquement, loufoque et barré, qui vaut le détour et qui laisse dans la bouche un goût sucré, familier comme la maison de notre enfance et ses prénoms écrits sur les portes des chambres des enfants, et ému face à ces retrouvailles de deux frères qui se dévisagent sang pour sang, ces carnets lus en forêt et ce lac, témoin d'un amour naissant dans la salle d'un commissariat des Vosges, en rythme avec la douce bande-son de Julie Roué.



"On écoute du chant grégorien
Elle parle à peine et moi je dis rien
On a une relation comme ça
Fanny Ardant et moi"
Fanny Ardant et moi, Vincent Delerm


CFournier
8
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le 1 mai 2020

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Coline Fournier

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