Avec ce premier long-métrage, Eddie Alcazar, issu d’une formation en effets visuels et grisé de sa précédente collaboration avec Flying Lotus, pour un court-métrage cryptique remarqué, confirme qu’il est un talent à surveiller dans sa capacité à créer des univers ésotériques et singuliers. Adoubé par Soderbergh, il compose le film de SF indie type, pas mal poseur avec ses plans au ralenti et décors immaculés mais dont la direction artistique fascine, notamment toutes ces séquences rétro-psychédéliques virtuelles, l’incursion du body horror, et une belle panoplie d’effets, rythmés par la musique vaporeuse adéquate de Flying Lotus. On peut rapprocher ce premier essai de l’ambiance d’un Jamin Winans, du cadre SF d’un Garland, du surréalisme horrifique de Cosmatos, des étrangetés corporelles de Cronenberg, ou encore de cette tendance au récit obscur digne de Kelly, voire Lynch évidemment. Un jeune homme intègre une clinique spéciale visant à améliorer le corps et l’esprit, et lui fait perdre sa conception de la réalité. C’est un peu prétentieux avec les voix off pseudo-philosophiques sur l’acceptation de soi, toutefois le métrage déborde d’idées et concepts, à la fois dans les visuels, mécanismes, et le montage. Si le décryptage apparaît un peu superficiel, Perfect est bien travaillé pour un premier long, tant dans l’identité esthétique, que le scénario kaléidoscopique qui navigue entre les dimensions psychiques.