Perfect Blue
7.8
Perfect Blue

Long-métrage d'animation de Satoshi Kon (1997)

Mima est une chanteuse de Jpop populaire comme tant d'autres avant et après elle ; jeune, pétillante, pure, innocente ...
Enfin, pas pour longtemps ; elle décide de se lancer dans une carrière d'actrice et pour ce faire commence par un rôle de victime de viol dans une série policière. Pari ambitieux et hésitant pour celle qui auparavant misait tout sur son image de jeune fille parfaite.
Ce choix est bien vite remis en cause par son entourage, ses fans et par elle même. De sorte que lorsqu'un mystérieux site relate ses pensées du jour, commence pour elle un tourbillon infernal. Serait-elle divisée en deux, ou plus ? Et si tout cela n'était qu'une scène de la série dans laquelle elle joue ?
Après tout, ce qui fait entrer Mima dans un épisode schizophrène, n'est-ce pas surtout ce système de gloire éphémère et oscillant autour du réel, entre la perfection idéalisée des pop idols dans un Japon en proie au lolicon et le sordide quotidien de ces stalkers et arrivistes leur tournant autour ?
Qui est la "vraie" Mima ? La parfaite idol ? L'actrice complétement dépassée ? Ce personnage de série TV ? Cette femme bercée d'illusion et folle à lier ? Qu'est-ce que Mima ne fait qu'imaginer, qu'est-ce qu'elle a oublié ? La discontinuité de ses souvenirs, dans son genre, ferait même frémir Zhuāngzǐ.
Satoshi Kon une fois de plus fait le lien entre réalité, illusion et cinéma, et avec brio : de bout en blanc le spectateur est aussi dérouté que Mima, et la fin réussit à nous faire douter même après le générique.
Un scénario dont bien des thrillers devraient s'inspirer, une peinture de l'époque sans chichis [et porteuse de tant de nostalgie, rien que la musique du film me rappelle mon enfance], et des réflexions sur le cinéma, l'enfer de la gloire, l'image publique et privée, le rôle d'idéal des starlettes, et le tout à foison ; voilà ce qu'est ce film.

Un chef d'œuvre de l'animation japonaise qui sait parfaitement mener le spectateur où il veut, pour nous divertir, nous duper, nous surprendre, nous faire appréhender la pensée de Satoshi Kon.

Ulquiorra
9
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le 29 mars 2012

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