Harcèle-moi si tu veux
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Mima fait partie du groupe Cham!, un trio d'idol singers au succès commercial plutôt mitigé mais dont les fans sont particulièrement fondus. Un jour, elle décide de laisser tomber la chanson pour se consacrer à une carrière de comédienne... Ses relations lui permettent de trouver vite un petit rôle dans une série policière en prime-time, mais s'imposer pour gravir les échelons jusqu'à voir son personnage devenir un élément-clé de l'intrigue lui demande beaucoup de travail et de sacrifices.
À toute cette pression s'ajoutent peu à peu des messages anonymes et des insultes qui lui reprochent d'avoir trahi Cham! et ses fans. Puis elle se rend compte que son appartement est visité. Le site web que lui consacre un fan anonyme divulgue des renseignements sur elle-même qu'elle se croyait la seule à connaître. Et enfin il y a les meurtres, tous plus sanglants et atroces les uns que les autres, qui déciment l'équipe de tournage...
C'est à ce moment que commencent les hallucinations, en prologue à une descente aux enfers enfiévrée.
Bien que charmé par ses excellentes qualités de réalisation, je suis d'abord resté un peu déçu par Perfect Blue, peut-être parce-que j'ai trouvé le coupable de ces meurtres en série en à peine un quart d'heure... Mais à y regarder de plus près, cette apparence d'intrigue policière ne représente qu'un élément superficiel du scénario. Car sous ces dehors, le crescendo de la folie qui gagne Mima peu à peu, et qui se voit ici retranscrit avec grand brio, constitue sans discussion possible le véritable sujet de ce récit, au point d'ailleurs d'en faire une production à ne rater sous aucun prétexte. Sous bien des aspects à vrai dire, ce film représente presque un manifeste du très regretté Satoshi Kon et annonce toute son œuvre, alors encore à venir, qui trouve son identité dans la manipulation du réel sous toutes ses formes.
Mais il s'agit aussi d'une critique acerbe et sans concession du star system et de l'industrie du divertissement qui chacun à leur manière « chosifient » les jeunes talents afin de les faire rentrer dans le moule du profit, au mépris à la fois de l'artiste mais aussi – et surtout – du spectateur : le tapage médiatique, en effet, ne réduit pas seulement celui-ci à une vache à lait, il en fait aussi une victime obnubilée par une image fausse car créée de toutes pièces par des stratégies marketing destinées à vendre toujours plus et qui n'a le plus souvent qu'un lointain rapport avec la réalité.
Dans cette dénonciation virulente du show biz japonais, dont le réalisateur présente les acteurs principaux – les artistes comme leurs admirateurs – en victimes de rouages inhumains qui les perdent tous un petit peu plus à chaque jour, les réalités s'entrechoquent dans un crescendo d'hallucinations qui ne laisse plus que la folie : une œuvre indispensable !
Notes :
Durant la fameuse scène d'agression au couteau, la boite à pizza sur laquelle figure la mention « Big Body » est un hommage au compositeur japonais Susumu Hirasawa et à son groupe de musique électronique P-Model, dont le dixième album porte pour titre Big Body. D'autres scènes présentent des clins d'œil semblables, sous la forme d'affiches publicitaires ou de sacs de course portant comme texte les titres de différents morceaux du compositeur. Hirasawa collaborera par la suite à plusieurs réalisations de Satoshi Kon : Millenium Actress (2001), Paranoia Agent (2004) et Paprika (2006).
De nombreux commentateurs ont souligné la similitude entre la scène de la baignoire de Mima, où celle-ci retient son souffle sous l'eau, et celle du film Requiem for a Dream (Darren Aronofsky ; 2000) où la comédienne Jennifer Connelly fait la même chose. Aucune confirmation officielle de la part du réalisateur n'a été obtenue sur ce point...
Au départ planifié comme un film live action, Perfect Blue devint un anime quand plusieurs sponsors du projet choisirent de façon assez abrupte de s'en retirer.
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Créée
le 24 juil. 2011
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