Apocalypse cow
Petit Paysan commence par une scène onirique, qui mélange habilement le cocasse et l’angoisse, et semble un écho à celle qui ouvrait le fantastique Exercice de l’Etat de Pierre Schoeller : une entrée...
le 13 janv. 2018
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Je me méfiais un peu des critiques dithyrambiques de la presse nationale au sujet de ce "Petit paysan" car pour une bonne partie de ces médias influents, la campagne, c'est un peu le lieu où vit la famille de Leatherface, quant à une vache, j'en soupçonne certains de penser que ça donne du chocolat au lait Milka.
Là aucun souci, le film mérite les lauriers qui lui sont tressés, on peut en effet parler de véritable thriller paysan limite Cronenbergien, remarquablement troussé, tendu bien comme il faut, étrange, amusant, émouvant, avec un Swann Arlaud tout simplement éblouissant.
Mais ce que je retiendrai le plus de ce moment, ce sont les réactions pendant et après la projection. Je vous explique le contexte : petite ville du Finistère où les agriculteurs sont nombreux, présence de Hubert Charuel, le réalisateur, et de Claude Le Pape, la co-scénariste, salle bondée, avec une forte présence de gens concernés car éleveurs.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que les 90 minutes furent agitées. Commentaires incessants et peu discrets dans la salle, rires pour le moins décalés (Le film n'est en effet pas dénué d'humour mais là certains spectateurs ne semblaient pas suivre au même rythme que les autres). Mais le mieux restait à venir : les fameuses questions-réponses une fois les lumières rallumées et les (maigres) applaudissements passés.
Et là, Monsieur Charuel n'a pas dû être déçu. Deux questions portant sur le cinéma ont semblé sortir de nulle part, tout le reste des échanges portant sur les cas personnels des spectateurs. Charuel n'était plus là en tant que cinéaste mais en tant que psy. Il devait s'attendre à défendre un film, il s'est retrouvé à se défendre d'avoir soi-disant signé une charge contre le monde paysan. Je suis habituellement en empathie avec ce monde, je l'ai vu disparaître, j'aime cette terre, je l'ai vue mourir. Mais là, je n'ai ressenti que gêne, et même tristesse face à des gens aveuglés, probablement par une réelle souffrance.
Quand on dit que le cinéma recèle toujours des surprises, on est encore loin de la vérité : voir un jeune metteur en scène, lui-même fils d'agriculteur, signant LE film de fiction qui montre enfin le monde paysan tel qu'il est, se faire mettre ainsi en accusation, on a frôlé le surréalisme.
Dans son film, Hubert parle à un moment de la paranoïa du paysan, il a au moins pu se consoler en constatant qu'il avait visé juste.
Indiscrétion : Depardon hésiterait à se pointer dans le Finistère pour parler de ses "Profils paysans".
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Vite une sulfateuse pour ces ...... d'animaux !!!, Tout est politique, Les chiffres ne trompent pas, je suis un mouton, Les meilleurs films de descente aux enfers et OUI OUI OUI il est ici Bouli
Créée
le 23 sept. 2017
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