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Moi, j'adore les gosses au cinéma ! Rangez vos signalements au Gouvernement, ce que j'aime avec les mômes, c'est leur spontanéité, la liberté qui leur est souvent offerte... ça gesticule, c'est pur. Un gosse filmé par Maurice Pialat, c'est le sommet du cinéma pour moi.
Mais Sciamma n'est pas Pialat. Du tout.


Petite Maman est davantage en continuité avec le Portrait de la jeune fille en feu qu'il n'en a l'air : un endroit éloigné du monde, le calme, des personnages relativement stoïques, une certaine froideur (simple constat, ce n'est pas péjoratif en soi). Quand bien même le thème de la filiation et du deuil prennent la place de celui de l'amour, de la séduction, il n'en reste pas moins que Sciamma utilise le même procédé. Cependant, les deux gamines ont bien un texte à réciter, un véritable rôle à jouer, et elles ne sont pas Noémie Merlant et Adèle Haenel, elles n'ont pas leur grande subtilité de jeu. Il est clair pour moi que derrière ces silences, derrière ces dialogues assez froids était recherché quelque chose de non palpable, d'implicite, d'invisible. Or, quoique ce soit qui ait été recherché, je me demande comment ces gamines auraient pu nous faire ressentir cela... Je suppose que c'est la lourdeur du deuil qui est recherché, que c'est un enfant perdu qui ne sait quoi penser de sa mère qui est censé nous être montré : mais j'ai eu bien du mal à réellement ressentir cela par la mise en scène et le jeu des petites actrices. En résulte un léger ennui face à Petite Maman. Nous n'aurons le droit qu'à 30 secondes de rires où les gamines s'amusent en faisant des crêpes. En fait, la petite qui joue Nelly ne joue pas mal du tout en soi. Elle fait surtout très mature, voire trop mature pour son âge. C'est un petit androïde ! J'ai bien peur que Petite Maman rate un peu ce qu'il entreprend, aussi touchant a priori cela soit-il. Surtout, ne parlons pas de "la musique du futur"... Elle arrive au milieu d'un film tout calme, casse les oreilles avec deux notes qui se battent en duel, ce n'est pas du tout émouvant, ça ne va pas du tout avec ce qui est filmé, il n'y a aucun équilibre entre l'image et le son.


Petit détail pas si anodin que cela : Céline Sciamma s'est occupée des costumes. C'est un véritable défilé de jolis vêtements en laine, en jolies matières... Ce n'était pas elle qui s'en était occupée sur le Portrait, et je ne sais pas si Sciamma a déjà eu de l'expérience en la matière, mais j'ai trouvé ça un peu too much. On dirait parfois un défilé de mode suédois ce film. Vous voyez ce que je veux dire ?

Seingalt
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le 31 mai 2021

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