J'avoue avoir craint le pire pendant le premier quart-d'heure du film. J'ai en effet trouvé l'installation des personnages et de la situation un peu trop caricaturale. Puis, petit à petit, les personnages prennent de l'épaisseur, se densifient ; les rapports entre eux s'approfondissent et se complexifient ; les réactions deviennent plus nuancées et le propos plus subtil. Je me suis donc laissé emporter et, comme cela m'arrive souvent dès que le cinéma touche au social, j'ai fini par être touché en plein coeur.
La question du déterminisme social est centrale. En effet, le film n'offre guère de perspectives ni de portes de sortie à ces héroïnes (bravo à @pili.groyne et @victoire_du_bois). Le poids qu'elles portent sur leurs épaules ne cessent de les tirer vers le bas et les empêche de saisir les mains qui leur sont tendues. J'ai aimé ce regard très réaliste posé sur une classe sociale qui, malgré les difficultés qu'elle rencontre, semble pour autant s'en accommoder et ne pas nécéssairement aspirer à autre chose.
Je trouve dommage que @romanebohringerofficiel ne soit pas davantage exploitée, tant le potentiel émotionnel du film repose en grande partie sur son personnage, qui se jette à corps et âme dans ces batailles qui semblent perdues d'avance. Elle est remarquable de justesse et d'intensité dans la scène de coordination entre les éducateurs.
Mention spéciale une nouvelle fois à @superpoze_ , décidément le Dieu actuel des bandes originales ! Celle-ci contribue à rendre certains passages du film bouleversants.
La jeune actrice principale, @pili.groyne , est très convaincante dans ce rôle d'adolescente et déjà si adulte à la fois. Devant parfois assumer le rôle de mère auprès de la sienne, comment porter cette responsabilité supplémentaire à cette âge-là ? Le choix que fait cette jeune maman peut sembler être le plus lâche et le plus cruel au monde mais ne prend-elle finalement pas la décision la plus courageuse et responsable qui soit ?