(Vu version de 120 min et non la longue de 5 heures*)
Au-delà du choc terrible provoqué par l'immersion dans le dénuement le plus frontal de ces campements misérables, et la violence absolue de certaines séquences, ce qui frappe singulièrement est cette lumineuse et inaltérable détermination, quasi mystique, à défier l'injustice dans l'adversité et la solitude la plus totale (au mépris du confort que certains protagonistes pourraient retrouver parmi leurs proches en abandonnant leur chemin de croix), au risque même de sombrer dans la folie, afin de faire triompher la dignité en premier lieu, et l'esprit d'intégrité. Au nom de la mémoire d'un mari emporté par la maladie, consécutive à une visite médicale du travail fatale dont l'administration n'assume la responsabilité; ou de la solidarité par le fait d'un agriculteur resté solidaire de ses camarades, lésés comme lui par un Etat n'ayant pas honoré ses dettes...
Toutes les plaintes ne sont pas étayées, nous suivons particulièrement en fil conducteur, la lutte de Qi Huaying accompagnée de sa fille Juan, à la scolarité interdite par l'administration depuis que sa mère défie un système défaillant, gangréné par la corruption, obnubilé par le maintient de son autorité, au mépris du peuple et de ses désidératas.
(*) laquelle offre en particulier une tout autre compréhension du conflit qui s'installera entre Juan et sa mère. De ce que j'ai pu lire, il semblerait que Qi se serait sentie trahie par l'union de sa fille (adoptée en réalité), avec un cadre du Bureau des plaintes local, avec qui elle aura un enfant. Voire article très complet de Jie Li paru dans "Perspectives chinoises", intitulé "Filmer le pouvoir et les sans-pouvoir" et lisible sur le site de Persée.