Le fil invisible de Phantom Thread est celui qui relie les deux êtres protagonistes du film, le grand couturier des années 1950 et la serveuse devenue son modèle et son inspiratrice, puis son bourreau en quelque sorte, protagonistes remarquablement interprétés à l’écran. C’est aussi le fil avec lequel le couturier Woodcock cache dans la doublure de toutes ses créations un petit texte ou un petit mot qui, tel un fétiche de vaudou, va s’attacher mystérieusement à la personne qui portera le vêtement et influer sur sa destinée.
Rythme lent et choix de décors exquis sont là pour souligner le raffinement et les nerfs à vif de Woodcock, fantastiquement joué par Daniel Day-Lewis. L’alternance des vues en plongée et en contre-plongée verticales dans la cage d’escalier de ce monde de la haute couture dans l’une des scènes reste en mémoire. Un soin particulier est apporté aux sons, petits sons intimes comme le bruit causé par Alma (Vicky Krieps) lors de certains plans de petit déjeuner __ couteau qui gratte un toast, tasse lourdement posée dans sa soucoupe, etc __ , lesquels voient leur volume délibérément augmenté avec l’effet de nous porter sur les nerfs comme sur ceux de Woodcock.
Enfin l’amour qui unit les deux êtres ne peut se réaliser qu’en frôlant la mort, jeu macabre qui devient nécessaire au bonheur de ces deux-là.
Bref, un grand moment de cinéma.

FrançoisThomas
10
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le 2 avr. 2018

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FrançoisThomas

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