Amateurs de curiosités monstrueuses, de films bizarres pétés du casque, de nanars improbables, d'insultes hallucinatoires au bon goût, de catalogue rédhibitoire de tout ce qu'il ne faudrait jamais faire au cinéma, rien ne pourra vraiment vous préparez à Philosophale un film français de 2001 réalisé par Farid Fedjer. Le film, enfin le truc improbable qui ressemble vaguement à un film, est un mystère de la création qui sort dont ne sais trop ou et n'a visiblement jamais été diffusé ni en salles, ni en vidéo, ni à la télévision. Un énigme d'autant plus réjouissante que ce nanar cosmique qui parviendrait sans efforts à faire passer La Vengeance de Morsay pour du Scorsese, Le Führer en Folie de Philippe Clair pour du Lubitsch et T'aime de Patrick Sebastien pour du Terence Malcik se paye le luxe d'un casting aussi incroyable que consternant.
Impossible de vraiment résumer Philosophale tant le film est un foutoir monstrueux dont le scénario semble avoir été rédigé en écriture automatique un soir de beuverie. En gros il est question de la pierre philosophale qui met Paris à feu et à sang lorsque divers gangs tentent de se l'approprier le tout sous la surveillance d'un inspecteur de police qui tente d'interrompre tout ce bordel.
Philosophale est d'une nullité crasse d'absolument tous les instants et pourtant il se dégage du film une sympathique volonté de sauter à pieds joints dans la boue du cinéma bis en proposant une série Z d'action comico-erotico-fantastico-débilo-policière pas très habituel dans le paysage bien lisse du cinéma français. Et même si l'histoire est conne à sucer des plots de chantiers, que la réalisation au caméscope est proprement immonde, que les acteurs et actrices en fond des containers remplis de caisses, que les dialogues sont d'une vulgarité à faire pleurer un doubleur de film de boules teuton des seventies, qu'on ne bite strictement rien à l'histoire et bien Philosophale ça reste unique en son genre et finalement aussi ultra-généreux dans sa proposition que catastrophique dans sa concrétisation. La faune du film se compose entre autres de nains, de nazis cannibales, de gitans, de dealers de drogue abrutis, de bad girls, de flics et même d'un inspecteur de la DGSE qui se balade la bite à l'air pendant tout le film. La plupart des personnages auront droit à un petit carton d'introduction complètement débile permettant de les présenter nous faisant ainsi découvrir Le Naim (Oui la faute est dans le film) 1mètre 22 , 22 de QI, 22 de chibre ; Hans ex travesti converti au nazisme après avoir été sodomisé par un congolais, le gitan Jean Edouard Ben Moloud , La prude pétasse à tête creuse et fesses accueillante, Mustapha Cacapopovitch qui s'est enfuie en solex d’Afghanistan avec le mollah Omar ou Trois Pines à Genoux ancienne institutrice violée par sa classe de CM1... Amis du bon goût bonjour !!
Et tout ce petit monde passe son temps à s'insulter copieusement, se foutre sur la gueule façon kung-fu, se tirer dessus ou se torturer dans la joie et la bonne humeur. Et oui, dans Philosophale ça défouraille sec avec des gunfights à la John Woo mais shooté comme un film de vacance de Tata Yvette et plein de bastons pas si dégueulasses en matière d'art martiaux mais encore une fois aucunement mises en valeur par une mise en scène, un montage et un découpage complètement à la ramasse. Pourtant Farid Fedjer ne ménage pas ses efforts et on sent qu'il a envie de faire des choses, alors il tente un peu tout et surtout n'importe quoi avec des effets accélérés ridicules, des split screen façon bande dessinée, de zooms hasardeux, des cadrages boiteux et des effets de montage catastrophiques. Mais c'est incontestablement sur les dialogues que Farid Fedjer et son complice Jean Falculete se sont totalement lâché nous offrant des moments de roue libre arrière les bras en croix dans une marre de purin qui éclabousse l'éclat virginale de la poésie française. Langage ordurier, gros mots, verlan, insultes, argot de truand pas une seule ligne de dialogue ne semble échapper à une volonté de choquer la bourgeoise en mode Audiard de cour de collège. Pour situer le niveau des dialogues de Philosophale c'est du genre « Tu crois que mon père m'a fini à la pisse et ma mère m'a sortie par les fesses ? » « Les cigares à moustaches ça me défrise les poils du derch » - « Alors tu ventilais du cul, crève bâtard » - « D'abord je vais t'arracher la langue puis je donnerais ta bite à mes chats et toi la pute tu fermes ta chatte »- « Salope tu pourrais au moins me garder une couilles, bande de pédés » - « Ah merde y-a trois pines à genoux qui se ramène avec ses artilleurs » - « Si tu bouges je te transforme la tronche en cratère d'Auvergne » - « Laissez lui 100 mètres d'avance comme ça y verra mes burnes » etc etc etc ….
Si vous osez Philosophale vous croiserez Ticky Holgado en flic alcoolique, Mickael Youn en gangster philosophe, Yves Renier en docteur psychothérapeute, Mouss Diouf qui se branle sur des photos pornographiques de girafes, Patrick Préjean en cultivateur à dreadlocks, Claude Brosset en préfet drag queen, Jean Marie Bigard en chef musulman, Phillipe Candeloro en petit truand à la gâchette facile, Moussa Maaskri en chef du clan des gitans, Jean Claude Dreyfus en roue libre dans le rôle d'un vieil homo nationaliste et grand brûlé, Laurent Petitguillaume en chef nazi cannibale ou encore la hardeuse Laure Sinclair, le chanteur de boys band Filip Nikolic et l'ex candidat de télé réalité Aziz ; preuve d'un casting qui ratisse large. Le rôle principal est tenu par Farid Fedjer lui même et franchement le comédien possède un certain charisme, une belle présence à l'écran et de belles aptitudes physiques pour la castagne. Je crois bien que plus j'écris sur le film plus je le trouve furieusement sympathique parce que oui je l'avoue, même mauvais, moi j'aime les films avec du kung-fu, des fusillades, des sabres, des vrais combats de nains dans un jardin, des fics qui tombent des arbres, des naturistes et des nazis noirs preuve que c'est bien la fin des bons aryens. Et puis il y-a plein d'idées folles et amusantes comme ce chef nazi qui parle avec une voix de démon et fait des rayons lasers avec ses mains quand il met son armure magique parce que personne n'a osé lui dire que c'est juste une tenue d'aïkido , ces faux tatouages très moches aux feutres qui bavent et qui ont du être fait par le fils de six ans de la stagiaire ou encore ce mec qui se fait violer avec l'image qui se brouille façon premier samedi du mois sur Canal +. Il y-a dans ce film une telle générosité à faire du bis qui sent l'odeur acre d'une vieille salle de quartier après un marathon de cinéma d'exploitation un jour de canicule sans climatisation que je ne pourrais que louer cet ovni cinématographique aussi rare qu'un bon film dans la carrière de Fabien Onteniente.
Farid Fedjer qui a visiblement réalisé un second film intitulé RMI annonçait en 2015 qu'il mettrait en ligne son tout premier chef d’œuvre intitulé 360°au Dessus de la Ville avec Marc Lavoine, à moins que ce ne soit qu'une légende urbaine. En tout cas le jour ou le lascar fait une cagnotte leetchi pour financer son prochain film je braque illico une banque et je casse mon P.E.L. Sinon pour l'anecdote, Farid Fedjer est aussi chanteur mais c'est presque trop bien pour le signaler.
Ma Note Nanar : 08/10