Vous savez, tous ces gosses horribles dans les films, ceux qui sont super intelligents et qui lancent toujours des petites morales à la face de leurs papas sauveurs du monde à des moments inadéquats. Mais siiii, ceux qu'on a toujours envie de lyncher avec des chardons (quitte à ce que ça prenne longtemps). Et bien y a ce gars, Daniel Barnz, qui a décidé de faire un film sur eux et de nous montrer comment ils sont au jour le jour et surtout comment le vivent leurs parents.
Phoebe, c'est donc une petite fille qu'on nous présente comme intelligente de prime abord. Très vite on comprend qu'elle est rejetée des autres (évidemment, qui aime Liza Simpson, à part Milouse?) et enfin... qu'en fait c'est pas normal de sortir ce genre de truc à cet âge. En fait, ces gosses consultent le psy parce qu'ils font des trucs de fou quand ils sont seuls (genre si au lieu de filmer Tom Cruise en train de faire le héros dans War of the Worlds, on jetait un oeil aux activités de la fille, on aurait envie de la faire enfermer) et c'est pas si cool que ça d'avoir la petite fille qui te pond des trucs de grands lors d'un repas avec des amis (intellos de surcroît).
Bon le film est cerainement moins second degré que ce que j'ai l'air d'en dire. Certainement parce que ça parle surtout de ces vrais enfants qui ont des problèmes psychologiques et de la façon dont les parents essaient de gérer ça. Mais bon, dans un film, forcément, il faut un peu stéréotyper les choses, et du coup cette petite fille ressemble plus à la fille de Tom Cruise (War of the Worlds) ou au fils de Nicolas Cage (Knowing) qu'à la petite fille du voisin d'en face. Enfin peu importe comment vous le prenez, le film s'avère intéressant dans les deux sens, je pense.
En tous cas j'ai trouvé le scénario plutôt bien construit et traitant d'un sujet banal de façon originale. Réutiliser un conte pour enfant, ancré dans l'inconscient collectif, réutiliser peut être trop simplement les analyses qui en ont découlé pour raconter une histoire plus terre à terre : ça m'a plu. Il y a un petit côté 'interprétation' réservé aux spectateurs, tout n'est pas trop explicite, on peut donc se sentir intelligent ; le truc, c'est que finalement ces interprétaions ne sont pas le problème. C'est un peu comme une thérapie, au final on considère que le patient est déjà à moitié guéri s'il reconnaît les problèmes. Maintenant, ces moyens de guérison resteront eux toujours icnertains, vu qu'on est toujours susceptible de faire des rechutes.
Puis parmi les thématiques, il y en a une qui échoue rarement à tirer la larme à l'oeil : voir des gosses apprendre à se débrouiller seuls. Après tout, ce qu'on aime dans un film en général, c'est lorsqu'un personnage évolue après avoir vécu des choses. Montrer un enfant comme dans Finding Neverland (tiens un autre conte réemployé) qui grandit, qui apprend à se débrouiller seul, et à s'assumer est donc quelque chose qui peut se révéler très touchant à la condition qu'on n'entre pas dans le misérabilisme ou au contraire la survalorisation. Dans les deux cas il s'agit d'une discrimnation (négative et positive respectivement) et c'est, à mon sens, à proscrire d'un film. Phoebe in Wonderland se permet donc d'être juste envers ses personnages. La fin n'est pas toute rose, comme c'était le cas du film avec Johnny Depp, et la petite fille n'est pas montrée comme un être à part et c'est ce qui en fait la force. ENfin oui elle est à aprt dans le sens où tous les enfants n'ont pas ce problème psychologique, mais j'ai vu cette 'maladie' comme une façon de mettre en avant cette quête identitaire à laquelle sont confrontrés tous les enfants.
Maintenant le film n'est pas parfait. Il y a un petit moment vers la fin, juste avant que les résolutions ne pleuvent, où j'ai eu la sensation de faire du surplace, comme s'il y avait une scène de trop, qui n'apportait rien de plus que ce qui avait déjà été dit.
Pour la mise en scène, ça reste sobre, efficace. Le générique m'a fait peur, c'est vrai : on dirait que c'est filmé avec une caméra DV assez Cheap (c'est un film indie typique) et j'ai bien cru que ça allait être un horrible film. Heureusement, ce n'est pas le cas, le réalisateur se fait discret, et s'efface derrière la caméra qui délivre de belles images classiques et léchées. Les acteurs sont épatants. Les gosses déjà. Puis, à la base, j'avais choppé ce film parce qu'il y avait Bill Pullman dedans. J'aime bien cet acteur un peu trop sous exploité à mon goût. J'avais peur qu'il ait un tout petit rôle ici, mais en fait non ça va. On le voit beaucoup à l'écran et il a droit à quelques scènes mettant en valeur son talent. Felicity Huffman assure aussi dans son rôle de mère en plein déni. La BO ne prend pas trop de place, heureusement, et enfin, la pièce dans le film est plutôt sympa (la chorégraphie pour la chanson est bien filmée).
Phoebe in Wonderland est donc une sorte d'analyse du conte Alice au pays des merveilles, et donc, de façon plus distante, une analyse de l'enfance. J'ai été largement séduit par ce film malgré une légère baisse de régime juste avant le climax final. A voit.