Retour en Italie, heu je veux dire en Espagne (la joie des coproductions européennes), pour ce simili-giallo qui narre la persécution d'une femme mariée à un riche industriel par un maitre-chanteur plus intéressé par ses fesses que par l'argent. Ou bien s'agit-il d'élucubrations d'une épouse névrosée qui noie sans ses frustrations sexuelles dans l'alcool et les barbituriques ? Il vous faudra regarder Photos interdites d'une bourgeoise pour en connaitre la réponse, l'intrigue trouvant un dénouement plutôt surprenant (même si je trouve qu'il y a une petite faille majordome). Le film est d'autant plus honorable qu'il s'agit de la 1ère réalisation de Luciano Ercoli (par ailleurs producteur), avec une belle photographie d'Alejandro Ulloa. Les acteurs et actrices sont impliqués, Pier Paolo Capponi ressemble à Dujardin, il flotte une certaine tension saphique jamais consommée entre l'épouse et son amie aux mœurs libérées, et j'avoue une vraie fascination pour les décors d'intérieur d'époque (merci l'emploi de maisons d'architecte).
La copie du BR du Chat qui fume est efficace. En bonus, interview de Jean-François Rauger qui décrypte de manière intéressante le sous-texte du film (dont son aspect social) et sa place dans le cinéma de genre italien, ainsi qu'une longue interview du réalisateur, de Susan Scott (Dominique dans le film) et du scénariste Ernesto Gastaldi. Les ficelles des arnaques aux subventions des pays coproducteurs y sont exposées, expliquant les merdiers des castings de ce genre de film.