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Quand Robin Williams travaillait dans un laboratoire photo

Lunettes, blond peroxydé, solitaire et introverti, mystérieux, le papa comique dont tous les enfants rêvaient d’avoir n’est plus, Robin Williams bascule vers le coté obscur de la force, incarnant dans Photo Obsession un type banal au comportement plus que bizarre. Entre drame et thriller, ce film signé Mark Romanek vous montre une nouvelle facette de Robin, révélant l’immense talent de l’acteur. Si vous l’osé, plongez dans cette œuvre côtoyant de près l’univers de Stanley Kubrick…


Robin Williams change de costume


Les photos qu’on faisait développer en une heure, vous vous en souvenez ? Et ces employés de boutique à qui vous apportiez vos pellicules et appareils photos jetables en entrant dans votre supermarché pour faire vos courses hebdomadaire ? Au cours de l’année 2000, Robin Williams prenait la décision surprenante de laisser son costume de clown au vestiaire pour sortir celui de psychopathe. Avec Photo Obsession, film ayant pour thématique le besoin d’amour, c’est une toute autre forme de psychopathe que nous verrons. Mais peut on dire que s’en est vraiment un ? Contrairement à Insomnia, thriller voyant Williams donner la réplique à Al Pacino, notre Robin campe dans Photo obsession un personnage souffrant de solitude. Vous le verrez, il sera très difficile de juger son comportement.


Toute sa vie, Sy est passé inaperçu. Un type sympa qu’on ne remarque pas vraiment. Pas de mère, pas de père, pas de femme, pas d’enfants, en d’autres mots : aucune attache. Il a beau souffrir de cette situation, il reste un homme souriant, tendre, bon, loyal, respectueux, poli, discret, timide, réservé, prenant très à cœur son métier de développeur photo, estimant l’importance de son travail de manière plutôt irréaliste car voulant l’amplifier pour donner une signification à ce qu’il fait. Développeur photo c’est être responsable des souvenirs les plus chers des gens. Les employés devaient donc toujours faire attention quand ils développaient les photos. Grace à son boulot, comme d’autres avant lui, notre personnage principal a fait la connaissance d’une famille, créant un lien fort avec eux.


De tous les habitués apportant leurs pellicules, ce sont les Yorkin, petite famille passant leur temps à venir le voir pour développer leurs photos, que Sy « Robin Williams » à le plus remarqué. Il voit en quelques sortes la famille dont il a toujours rêvé d’avoir. Seulement, quand l’envie cède sa place à l’obsession, le pauvre homme se transforme en type plus que louche. Les moments les plus intimes des Yorkin passent entre les mains de cet homme. Sy devient au courant des moments de leur vie. Les bons comme les moins bons.


Pas d’atrocités, pas de meurtres, Photo Obsession nous plonge simplement dans une forme de voyeurisme. Perturbé en découvrant par accident que le père de famille est un homme infidèle, Sy coincé entre le désir et l’obsession, décide d’agir, consterné par ce comportement égoïste. Mais que va-t-il faire ? Quelle frontière va-t-il franchir ?



Les gens prennent des photos des moments heureux de leur vie...
Quelqu'un qui parcourrait nos albums photos en conclurait que nous
avons mené une existence faite de loisirs et de joie, exempte de
tragédies... Personne ne prend jamais une photo d'une chose qu'on veut
oublier...



Développeur de photo le jour, justicier de l’amour la nuit


On ne compte plus le nombre de personnes vivant comme Sy Parrish (tiens, clin d’œil à Jumanji ? ), on ne compte plus non plus le nombre d’hommes et de femmes consternés par le comportement de ceux qui ont tout pour être heureux dans la vie mais détruisent ce bonheur. L’envie d’avoir, de posséder toujours plus fait faire des choses stupides. Sans jouer les cafteurs en balançant tout à maman Yorkin, risquant de passer pour un menteur, Sy va trouver une alternative radicale pour rétablir la justice. Sy, contrairement à d’autres refoulant la colère qui est en eux, il va se décider à agir et donner une bonne leçon à papa Yorkin.


Vu pour beaucoup comme un psychopathe, Sy, il fait de la peine. Impossible de le voir comme un psychopathe malgré son comportement. Pas de tentative de viol, pas de menaces à l’égard de maman Yorkin ou son fils, c’est juste papa Yorkin qui en prend pour son grade. Sy, il est paumé, Sy, il souffre de la solitude. En voyant cette famille si parfaite, en voyant maman Yorkin représentant toutes les qualités de la mère parfaite, notre développeur photo enrage de voir que papa Yorkin a tout saboté.


Sy enfile donc sa tenue de justicier et tente à sa manière de rétablir l’ordre. Hélas, en prenant cette décision, le voila devenir aux yeux de la loi, un criminel. Si ce n’était que ça. Du coup, Sy, je ne peux le voir comme quelqu’un de mauvais. C’est un fait juste, il est maladroit, ambigu, MAIS, il est en profonde détresse émotionnelle. S’il n’avait pas eu cette histoire d’infidélité, je pense qu’il aurait pu finir par devenir un membre de la famille Yorkin sans commettre la moindre faute.


Grace à son personnage principal bon tout en étant par moments déroutant grâce à un jeu de regard montrant deux facettes de sa personnalité (souffrance et joie), grâce à son esthétisme réussie (les couleurs des vêtements portés par Sy assorties à celles du magasin dans lequel il travaille donnant la sensation de camouflage), sa musique et son climat oppressant, Photo Obsession évite de prendre quelques éléments de ce qui ont fait le succès de nombreux films basés sur le voyeurisme.


Si on y réfléchit, « Photo obsession » n’est pas si dérangeant qu’on pourrait le croire et bien que son ambiance donne la sensation de suffoquer, on ne peut s’empêcher d’éprouver une réelle empathie pour Sy. Les conséquences terribles d’un homme vivant depuis des années dans la solitude, voila ce que ca pourrait donner.



Will Yorkin avait tout et il a tout foutu en l’air. Il n’est pas un
bon père.



Au final, fascinant par son coté « fable », troublant, complexe, émouvant, poignant, calme, original, Photo Obsession est un pur chef d’œuvre du genre à la mise en scène subtile et somptueuse, montrant toute l’étendue du talent du regretté Robin Williams. Pur plaisir que de voir l’acteur dans un rôle sombre où il ne fera pas le clown une seule seconde, pur plaisir que de retrouver à ses cotés Connie Nielsen, Michael Vartan et Eriq La Salle (Dr Benton dans la série Urgences), ainsi qu’un petit rôle sympathique de Clark Gregg, un certain Agent Coulson. Surtout, on rend justice au métier de développeur photo, job en or devenu aujourd’hui une espèce disparue.

Jay77
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2002

Créée

le 7 août 2018

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Jay77

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