Une envoûtante chinoise
Encore un film qui évoque la danse comme sulfureuse. Ici, l'érotisme de la danse est d'autant plus dangereux que la rivale est une chinoise.La mise en scène est de Ewald André Dupont merveilleuse, de...
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le 11 nov. 2022
Tout l'intérêt de Piccadilly passe par la présence magnétique de Anna May Wong, une actrice américaine d'origine chinoise qui s'exila en Europe à la fin des années 20 suite à la frustration de ne se voir offrir que des seconds rôles stéréotypés à Hollywood. Le racisme y était à l'époque moins prédominant qu'aux États-Unis, ce qui lui permit de trouver ce rôle phénoménal à la fin de l'ère du muet. À noter qu'un prologue de 5 minutes de dialogues entre deux personnes, sans doute très avant-gardiste à l'époque mais avec toutes les limitations du parlant en 1929, est inséré au tout début du film.
Il faut voir comment la caméra de Ewald André Dupont nous dévoile la présence de Shosho, une plongeuse dans le restaurant d'un night-club britannique. Le cadre est posé avec beaucoup de fioritures sur le devant de la scène, autour d'un duo de danseurs constituant l'attraction au cœur du Piccadilly Club, dans une magnificence et une ostentation les plus totales. Au milieu des tables, on découvre Charles Laughton dans son tout premier long-métrage, un client mécontent de son assiette qu'il trouve sale : l'occasion pour le propriétaire de s'aventurer dans les cuisines pour enquêter, puis d'accéder à l'arrière-cuisine et de tomber sur Shosho, une des plongeuses, en train de danser sur une table. Il faut voir le niveau de sensualité présenté dans cette séquence, pour un film de cette époque... On comprend que Valentine Wilmot, le propriétaire, soit tenté de reconsidérer le talent de cette femme après l'avoir licenciée. Une fois passée sur scène, dans ses costumes de danseuse éclatants, le niveau de sexualisation du personnage atteint son apogée — d'autant que situé à l'époque avancée du cinéma muet, la mise en scène sait se faire relativement dynamique pour capturer tous les mouvements.
L'érotisme de la danse est ainsi présenté de manière assez sulfureuse, au creux d'un duel entre deux danseuses rivales. La danse (ainsi que ses charmes) permettra à Shosho d'accéder à un niveau de vie élevé, tout en la plaçant au cœur d'un enjeu mélodramatique fort. Par l'entremise d'un meurtre passionnel, elle deviendra l'objet du délit par excellence et achèvera de conférer à Piccadilly un charme extrêmement singulier.
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Créée
le 11 juil. 2023
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