Avant que le temps ne soit plus

Sympa le film. Je ne sais pas si c'est raisonnable de dire ça, mais j'ai envie de le dire quand même : c'est un peu ne avance sur son temps. Non pas que ce soit filmé comme aujourd'hui ou quoi... juste que la manière de filmer les petites choses du quotidien, la manière de raconter la vie des gens est assez juste et ne correspond pas au ton romancé que l'on nous sert habituellement. Même le personnage de la mère gardera jusque au bout son rôle d'opposant. Précisons également que l'affiche n'a pas grand chose à voir avec le ton adopté durant le film ; la scène où le héros se retrouve avec la chemise arrachée n'a absolument rien de romantique.


L'intrigue est plaisante. Comme dit dans le précédent paragraphe, l'une des forces du film, c'est de s'intéresser aux petites choses de la vie, aux coutumes, à la vie en fait. Ainsi, l'on va découvrir ce qu'était la fête du travail à l'époque dans les petites villes : c'est charmant. Hélas, la première moitié est tout de même un peu molle à cause d'un manque de conflits. Certes, elle est bien écrite dans le sens où les personnages sont bien exposés et déjà bien exploités, mais ça manque de confrontations réellement brutales, on se contente de voir tout le monde heureux. La deuxième moitié est plus corsée, tout en maintenant une bonne exploitation des personnages. Dommage que l'héroïne reste assez inaccessible, au point de se demander si elle a vraiment autre chose que sa beauté à offrir.


Il y a une belle réflexion sur le temps au travers de ce scénario. La fillette qui veut grandir plus vite, les adultes qui regrettent le temps perdu et préviennent que le temps passe trop vite et puis l'héroïne qui, elle, se fige, stagne, voudrait tant que le temps s'arrête pour qu'elle puisse prendre la bonne décision : elle voudrait en être au stade des adultes mais elle sait aussi que si elle se trompe il sera vite trop tard pour changer de voie. C'est aussi une réflexion sur la question de l'être, le fait que personne n'est parfait ; c'est un peu faible et un peu facile mais là où l'auteur fait fort c'est qu'il parvient à dresser des méchants que l'on comprend ; en fait les 'méchants' n'en sont pas, c'est juste qu'ils ont un objectif différent et qu'ils ont de bonnes raisons pour vouloir l'accomplir.


La mise en scène est rythmée, on ne s'ennuie pas de tout le film. La partie la plus impressionnante, c'est la séquence montage du pique-nique, où l'on assiste à une accumulation de scènes représentants les activités ludiques de la foire. Le découpage est également efficace, avec parfois de très bonnes idées visuelles (transition ou bien symbolisme). Le technicolor ne se sent pas assez à mon goût mais la photographie reste très plaisante. Les acteurs font un excellent boulot ; il y abien sûr le côté surjoué typique de l'époque, mais ça fonctionne avec la mise en scène et puis en plus ça contraste bien avec le désenchantement ici proposé.


Bref, ce petit film est bien sympa, assez étonnant pour ma part.

Fatpooper
7
Écrit par

Créée

le 3 avr. 2018

Critique lue 464 fois

4 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 464 fois

4

D'autres avis sur Picnic

Picnic
Caine78
6

Critique de Picnic par Caine78

Si le film a il est vrai un peu de mal à trouver son rythme, il faut reconnaître qu'en insistant l'ensemble arrive à se faire tout de même assez agréable et même pas trop supeficiel. Certes, on reste...

le 25 mars 2018

3 j'aime

Picnic
Johannes_Roger
8

Critique de Picnic par Johannes Roger

Magnifique mélodrame autour d’un gigantesque picnic typiquement américain, où chaque individu retrouve son âme d’enfant. Evidement, la fête finie par exacerber les passions, et le seul moment de...

le 18 janv. 2014

2 j'aime

Picnic
YgorParizel
4

Critique de Picnic par Ygor Parizel

Avec la scène d'ouverture de cette adaptation d'une pièce de théâtre réalisée par Joshua Logan on pourrait croire à une autre vision d'une histoire de Tennessee Williams ou d'un film d'Elia Kazan...

le 25 avr. 2023

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

120 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

107 j'aime

55