Bien que ce soit de plus en plus difficile, je continue d’explorer chronologiquement la carrière de Steven Seagal et on arrive à Piège au Soleil Levant, Into the Sun en VO, et son titre qui tente, 12 ans après, de surfer sur le plus gros succès de Saumon Agile, à savoir Piège en Haute Mer. Bien qu’il soit un peu partout dans le monde sorti en DTV, Piège au Soleil Levant a eu droit à une sortie dans salles dans quelques pays asiatiques, en particulier au Japon, pays dans lequel se déroule en grande partie le film. Steven Seagal était encore très populaire là-bas, alors on a injecté au film un budget de malgré tout 15 millions de dollars (35M$ selon certaines sources) pour tenter, peut-être, de relancer un peu la machine. Difficile d’avoir les scores au box-office japonais, mais une chose est sure, c’est que cette deuxième et dernière réalisation en date de Christopher « mink » Morrison, réalisateur à la base de clips musicaux, est à nouveau un coup dans l’eau pour Seagal avec des films qui ne comprennent pas ce que le public attend. Alors c’est mieux que le précédent, Le Protecteur, mais ce n’est toujours pas ça.
Le projet avait été mis sur pied à l’origine par Franchise Pictures des années plus tôt, et il était beaucoup plus riche en action et d’une ampleur plus épique. Au moment où le film est entré en production, Franchise était à court d’argent et ne pouvait s’offrir qu’une version simplifiée du scénario original. Cela signifie que, vous l’aurez compris, il n’y aura au final que peu d’action et beaucoup de remplissage. Piège au Soleil Levant se la joue un peu buddy movie, avec Seagal qui se voit affublé d’un sidekick mais ce dernier n’est que peu utilisé. Les autres personnages sont également très pauvres et les acteurs japonais et chinois ne semblent pas très intéressés par ce qu’ils font. Il faut dire qu’on leur a parfois donné des rôles de cliché sur pattes comme ce grand méchant yakuza aux cheveux gominés, au t-shirt en résille et prenant des poses à la con. Les amateurs de cinéma asiatique reconnaitront quelques têtes connues, comme par exemple Ken Lo (Drunken Master IÏ), Kôsuke Toyohara (Godzilla vs King Ghidorah, la série Tokyo Vice), Takao Osawa (Aragami, Sky High) ou encore Chiaki Kuriyama (Battle Royale). Bonne nouvelle, peut-être parce qu’il est de retour là où il a grandi et où il a appris les arts martiaux et qu’on lui donne enfin l’occasion de montrer au monde comment il parle japonais, Steven « Saumon plus très Agil » Seagal semble être à ce qu’il fait et nous donne même un peu d’aïkido, chose qu’il faisait de moins en moins. Il a même l’air de vouloir jouer, allant jusqu’à faire un effort d’interprétation. Je vous rassure, il reste tout de même très monolithique, mais on voit parfois cette petite étoile dans les yeux nous faisant comprendre qu’il prend un peu de plaisir à ce qu’il fait. Piège au Soleil Levant est souvent visuellement aux fraises. Hormis quelques fonds verts dégueulasses, le réalisateur tente des effets de style lorsqu’il n’y en a pas besoin, ou encore un montage épileptique où les coupes s’enchainent beaucoup trop vite au point de faire mal aux yeux. Néanmoins, d’autres scènes s’en sortent étonnamment bien, dès lors que Christopher « mink » Morrison arrête de tenter de rendre sa bobine « cool », avec une caméra qui sait accompagner ses personnages.
Pour l’action, à part une maigre scène d’action en début de film, il va falloir attendre environ 1h pour qu’enfin il se passe quelque chose d’excitant. Le pauvre combat dans la rue contre des petites frappes à la 27ème minute étant bien trop court pour qu’on puisse en retenir quelque chose. Parce qu’au cas où les producteurs ne l’auraient pas compris, les amateurs de Seagal ont envie de le voir casser des bras et des mâchoires, ou du moins tuer du méchant, pas faire de l’exposition pour agrémenter un scénario mince comme du papier à cigarette dont on se fout éperdument de toutes façons, ici on a des yakuzas et des triades qui développent une gigantesque entreprise de drogue, avec un Steven Seagal qui va de contact amical en contact amical pour obtenir des informations et c’est tout. Lorsqu’enfin ça décide à se lancer, pour une histoire de vengeance éclipsant toute l’enquête montée auparavant, on arrive dans la partie la plus sympathique du film, avec des scènes d’action certes passables mais au moins regardables. Le combat Steven Seagal / Ken Lo est plutôt correct, bien que gâché par un montage à l’américaine (filmé de beaucoup trop près et trop cut, en plus d’être trop court), et les affrontements à l’épée lors du final sont le seul réel intérêt du film, se montrant même bien sanglants. Et c’est là qu’on ne peut qu’avoir des regrets, car s’il y avait eu plus de scènes d’action du même niveau que les 20 dernières minutes tout le long du film, on n’aurait certes pas eu un chef d’œuvre du 7ème Art, mais au moins une bonne petite série B bien bourrine qui aurait fait plaisir. Mais non, à la place de ça, on a encore droit, comme dans ses films précédents, à une amourette inutile et peu convaincante dans laquelle Steven Seagal, du haut de ses 54 ans et de son surpoids qu’il peine à déguiser, fait craquer une demoiselle qui ne doit même pas avoir 25 ans. Pas crédible pour un sou.
Piège au Soleil Levant, c’est mieux que le film précédent de Steven Seagal, mais ce n’est toujours pas ça. Ils n’ont pas compris qu’on voulait voir Seagal casser des bras et fracturer des machoires tout le long et pas le voir errer de scène en scène tel un fantôme ?
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-piege-au-soleil-levant-de-christopher-mink-morrison-2005/