La filmo de Soderbergh, c'est un peu comme jouer à pile ou face, surtout depuis qu'il nous pond presque 2 films par an. The Informant déroutait mais n'était pas mauvais, Ocean's Thirteen était un naufrage en beauté et Contagion divisait tout le monde. Son dernier né, premier de deux films à sortir sur les écrans français cet été, est une belle réussite plutôt inattendue. Sur un scénario de série B assumée bien moins stupide qu'il n'y paraît, Soderbergh revisite un genre (le film d'espionnage/action) à sa sauce, c'est à dire avec beaucoup d'élégance et d'audace formelle.

Au programme, des combats à main nue délirants qui doivent beaucoup à l'actrice choisie pour l'occasion, la sportive Gina Carano, à la fois sexy et brutale. Ici pas ou peu d'effets spéciaux, on castagne avec les poings, et c'est un régal. Elle encaisse, défonce littéralement la gueule à Channing Tatum dans une séquence d'ouverture incroyable, et parvient même à être crédible en potiche sexy aux côtés du non moins sexy Michael Fassbender. C'est l'autre attrait de ce film : son casting. Imaginez : Michael Douglas en vieux roublard, Antonio Banderas en mec chelou bedonnant et barbu, et puis la brochette Ewan McGregor, Michael Fassbender et Channing Tatum. Du bonbon pour les yeux, surtout que Carano n'est pas non plus des plus laides.

Outre ces atouts anecdotiques, la structure éclatée du film en flashback, classique chez Soderbergh, permet de tirer le meilleur d'un scénario un poil trop classique mais assez réjouissant, tandis que le réalisateur s'ingénie à poser sa caméra à des endroits improbables. La spectaculaire fuite de l'héroïne à Dublin est un modèle du genre. Ca commence par un combat épique dans la chambre où le flou et la profondeur de champ sont superbement conviés, et ça termine sur les toits, filmé à travers les trous des toits en plastique. Soderbergh joue des reflets, des surfaces, et rend son film particulièrement sensuel et paradoxalement froid, à l'image du Millenium de Fincher. Le résultat, réjouissant, n'est pas exempt de moments absolument délirants, comme cette course poursuite dans la neige qui se termine par une réplique génialement absurde « There's a deer in the car ! » (« Il y a un cerf dans la voiture ! ». Alors plaisir coupable, certes, mais avec quel brio ! Perso, j'en redemande.
Krokodebil
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Parce que Michael Fassbender est quand même l'homme le plus sexy du monde. et Les meilleurs films d'action

Créée

le 13 mai 2013

Critique lue 647 fois

6 j'aime

Krokodebil

Écrit par

Critique lue 647 fois

6

D'autres avis sur Piégée

Piégée
Gothic
4

Las Vegas Carano

Soderbergh est un touche-à-tout, c'est un fait. Mais si certains réalisateurs sont capables de multiplier les exercices de style avec beaucoup de talent, d'autres feraient mieux de se cantonner à ce...

le 2 juin 2013

27 j'aime

6

Piégée
HarmonySly
7

Critique de Piégée par HarmonySly

Malgré une photographie plutôt affreuse (digne d'un TPS next-gen) et un montage aux fraises, j'ai été charmé par la façade "Série B du riche" du film. Gina Carano, inconnue à Hollywood mais grosse...

le 15 juil. 2012

21 j'aime

4

Piégée
dridrique
3

à vitesse réelle

Je reste toujours le postérieur entre 2 chaises sur la filmographie de Soderberg. Une espèce de jeu j'aime / j'aime pas. Pour Haywire, on retrouve les ingrédients d'une recette simple. 10 acteurs...

le 7 mai 2012

20 j'aime

1

Du même critique

Rush
Krokodebil
8

Le bec de lièvre et la tortu(rbo).

Pourquoi aimé-je le cinéma ? On devrait se poser cette question plus souvent. Elle m'est venue à l'esprit très rapidement devant ce film. Avec une réponse possible. J'ai d'ailleurs longtemps pensé...

le 29 sept. 2013

129 j'aime

12

Mister Babadook
Krokodebil
7

Mother, son, wicked ghost.

La cinéma australien au féminin est fécond en portraits de femmes un peu paumées, ou complètement névrosées. Il y a les héroïnes têtues et déterminées de Jane Campion, les monstres effrayants (Animal...

le 31 juil. 2014

106 j'aime

10