Piercing
5.9
Piercing

Film de Nicolas Pesce (2018)

Quand un serial killer en devenir, adepte du pic à glace et hanté par le souvenir d’une mère gorgone, croise un soir dans une chambre d’hôtel une prostituée tendance suicidaire et SM, que peuvent-ils bien se raconter ? Et que va-t-il bien pouvoir se passer ? C’est ainsi que Reed rencontre Jackie. Au départ il voulait la tuer, et même la couper en morceaux, et puis finalement il se rend compte qu’elle est aussi cinglée que lui. Entre les deux, quelque chose se passe, quelque chose prend forme, une sorte de tendresse, de l’affection peut-être. Une relation bizarre sûrement, teintée de sang, enroulée de corde, faite de bâillon boule et de «Vas-y fais-moi mal».


Adapté d’un roman de Ryû Murakami, auteur prolifique (mais rarement, voire jamais, adapté) et réalisateur/scénariste à ses heures perdues, entre autres du terrible Audition de ce timbré de Takashi Miike (dont l’histoire a d’ailleurs quelques points communs avec Piercing), le second long métrage de Nicolas Pesce est une petite curiosité aussi inoffensive qu’ultra stylisée. Une sorte de rom com tordue où les références pullulent. En vrac : du Cronenberg, du De Palma, un peu de Lynch avec l’appartement de Jackie qui ressemble beaucoup à celui de Dorothy dans Blue velvet, pas mal d’emprunts musicaux 70’s (dont le magnifique Too risky a day for a regatta de Stelvio Cipriani en ouverture), et aussi La secrétaire de Steven Shainberg, Dans ma peau de Marina De Van ou encore Dogs don’t wear pants de Jukka-Pekka Valkeapää…


Tout ça finit par dévitaliser l’ensemble, par écraser évidemment, trop lourd, trop encombrant, et on sent Pesce davantage occuper à soigner ses nombreux clins d’œil et hommages qu’à réellement travailler son récit. Résultat : celui-ci échoue à installer une tension, sentimentale ou plus sexuelle, entre les personnages (et malgré les belles prestations de Christopher Abbott et Mia Wasikowska). À faire de leur solitude et de leur instinct de domination (ou plutôt de prédation) de vrais enjeux narratifs, mais davantage des traits de caractère simplement posés là, pas traités en profondeur. Et puis en dépit de sa thématique olé olé, le film reste étonnamment sage ; certes, il y a bien quelques scènes croustillantes à se mettre sous la dent, mais rien de franchement tétanisant, et par là même de troublant.


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mymp
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le 16 mars 2022

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