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J'ai emmené mon fils de 5 ans voir ce film, pensant potentiellement me laisser prendre par l'univers d'une gamine effrontée seule contre tous....je me suis ennuyée pratiquement de bout en bout, et...
le 9 sept. 2021
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Si l'animation française occupe une place importante dans le paysage de l'animation mondiale, dans un niveau plus national, il n'y a pas vraiment de pole dominant ou même de réalisateurs qui ont su occuper une place importante. S'il y a eut le studio Marathon (ou Zodiak kid derrière la dernière refonte avant un énième rachat), le studio Xilam avec ses proposition surtout télévisuel et très tourné vers une production national plus qu'international (malgré dernièrement j'ai perdu mon corps qui fût produit par le studio en 2019 qui figure plus pour l'instant comme exception à la règle qu'à une démarche de longue durée), ou encore le cas encore à part du studio Zagtoon qui s'occupe surtout de séries à but commerciale et publicitaire pour des jouets (et qui préparent une adaptation en long métrage de leur franchise Miraculous), on n'a pas de studio pleinement implanté et connu du grand public produisant des films d'animations. Cependant à l'heure actuel, un studio ainsi que tout une région essaye de changer la donne, et ce studio c'est TAT production. Ce studio implanté à Toulouse est à l'origine d'un des plus gros succès de ses dernières années en terme de 3D international européenne: Les As de la Jungle. Avec son design marqué par ses rondeurs dans ses formes et une volonté de se rapprocher d'un résultat quasi réaliste, les As de la Jungle ont créer un style graphique unique qui va leur servir à être reconnaissable et apprécier du grand public. Mais pour être connu du grand public, il faut proposer des univers différents, et si possible sur grand écran. De cela 3 films sont nées du studio Toulousain. La première est l'adaptation cinématographique des As de la Jungle dans un film... disons que la crainte de passer sur grand écran a impacté la qualité du film. Le deuxième Terra Willy est défendu par la critique qui souhaite globalement promouvoir la qualité technique indéniable du studio, mais se plante auprès du public français qui n'iront pas voir le film dans sa majorité, un peu plus de 120 000 entrées pour un bénéfice de 2 500 000$... et un budget de 5 000 000€ ( Source ). C'est après ces deux premiers essaies que le studio TAT revient à la charge avec une nouvelle création originale, Pil, présenté sur deux éditions consécutives au Festival d'Annecy comme film en cour de création, et verdict... comme dirait l'autre: Oulala l'enchainement !
Le problème de ce film c'est qu'il est très irrégulier dans ses propositions. Déjà le film est irrégulier dans sa qualité propre, et là où dans certains films on a des irrégularité minimes comme une scène très travaillés suivi d'une scène plus imparfaite, ici le film va du chaud au froid de manière vraiment marqué, le tout parfois dans des lapses de temps très réduit. L'un des exemples les plus parlant sont les 20/30 premières minutes du film qui servent à introduire la situation initiale. Le film s'ouvre sur un plan séquence irréprochable professionnel quasiment au niveau de ce que l'on peut voir dans le cinéma méxicain (comme chez Alphonso Cuaron ou Alejandro González Iñárritu) où l'on découvre de manière très intelligente et créative tout un village fortifié avec ses commerces, ses règles, sa population, sa justice. Contrairement à un plan séquence "facile" sans trop de prises de risque, le plan s'étire et est réfléchit de tel manière à ce que l'on puisse avoir des séquences et des moments forts qui pourront fournir une information sur le monde, et c'est très brillamment fait. Mais tout de suite après après on rencontre Pil qui nous ré-explique tout de suite derrière l'univers avec des répliques sur-écrites et des plans clipesques qui ne sont que démonstratif. On enchaine avec une scène riche en sous texte sur l'orphelinisme et la solitude suivi d'un très beau plan avec des lumières roses et bleu absolument magnifique... tout de suite enchainé d'un ménestrel schizophrène accompagné d'une marionnette vulgaire qui fait des vannes sur le caca ("qu'est ce qui est petit et mou comme du caca ? le caca"), et pour moi c'est le plus gros problème de ce film. D'un côté on voit un film qui essaye (et réussit) à être un objet cinématographique pour tout public avec une très grande classe et une fraicheur dans sa réalisation qui impressionne et fascine, mais de l'autre on nous colle (limite de manière forcé) des codes télévisuels ou grand public qui ne plaisent à personne. Car oui, on peut s'imaginer que les vannes sur la fiente marron, molle, arc-en-ciel, ou même les petites (et heureusement rares) scènes avec les belettes peuvent plaire à un très jeune public présent dans ma salle, sauf que l'intégralité de ces vannes n'ont même pas réussit à leur faire décrocher le moindre soufflement de nez, comparé à des vannes mieux construites, présentes elles aussi dans le film, qui ont même réussit à faire rire des parents présent à ma séance. Tout le film (ou presque), c'est un enchainement d'excellente scènes et de scènes qui semblent négligés, et c'est dommage en vu des nombreuses propositions. On a là un film qui cultive la différence et la singularité qui devient une arme face au système et au regard d’autrui. On peut être extrêmement maladroit, bizarre au possible, ou même une punk orpheline voleuse à la rue, si tes intentions sont bonnes et que tu restes toi même, un jour le destin ferra que tu sauras te faire accepter comme tu es, ta différence te permettra de t'intégrer en société à condition d'accepter les autres et de t'ouvrir, et le film traite extrêmement bien de ces thématiques riches dans leurs contradictions et leurs complexités. On voit cela tout d'abord par le design même de son personnage principale, dans sa réalisation qui (comme dit plutôt) ose beaucoup de chose dans sa réalisation, mais aussi dans son récit et son écriture qui proposent avec succès des choses innovante. Le film a un très grand talent pour te présenter des personnages et te les faire accepter quelque soit la gimmick parfois extrêmement casse gueule comme ménestrel schizophrène ventriloque d'une marionnette chaussette anti-système et anarchiste. Maintenant on peut regretter un développement parfois pas assez poussé des personnages qui manque chacun une ou deux scènes pour être pleinement inquiet et investi quand l'un meurt ou que d'autres sont en grand danger. Car oui, le film innove beaucoup, et toujours dans ce côté radical, le film joue avec les références et les effets de mises en scènes pour proposer des scènes mettant vraiment en danger ses personnages. Le tout est indirectement renforcé par ce va-et-vient entre des scènes incroyables et des scènes décevantes, qui nous perd durant le visionnage et remet en question toutes nos certitudes.
On est face à un film voulant proposer de grandes choses, de très grandes choses mêmes mais, comme dit précédemment, le film est trop irrégulier dans sa proposition, et l'irrégularité entache aussi la personnalité et l'univers du film. Plusieurs fois durant le long métrage, on a des références aux As de la Jungle, et venant d'un réalisateur ayant travaillé sur le film, et ayant commencé dans l'animation avec un télé-film Les As de la Jungle, cela se comprend qu'il veuille rendre un hommage. Cependant l'hommage prend une trop grosse place au point de carrément mettre à mal la personnalité du film. Les hommages peuvent aller du plus subtile avec la composition de l'équipe qui colle quasiment à la configuration des As de la Jungle. L'hommage se voit aussi dans le design de certains personnages (comme la sorcière) qui peuvent rappeler le design et la rondeur de certains personnages. Cela peut aller vers légèrement moins subtile lorsque l'on choisit au casting vocal des acteurs/trice qui ont doublés dans les As de la jungle comme pour le chef des ménestrels qui a la voix de Tony le sanglier ou encore l'annonceur qui est interprété par l'excellent Jérémy Prévost (le temps d'une scène) qui s’emmêle un peu les pinceaux vers son début de réplique (à cause de son personnage qui ne colle pas vraiment physiquement avec sa voix) mais finit par trouver une bonne interprétation. Cela peut aller vers le pas très subtile avec un figurant qui dit une réplique culte de la série lors d'une scène de baston, jusqu'à l'hommage à la subtilité inexistante avec un plan fixe de 10 seconde sur une tapisserie avec les As de la Jungle en plein milieu. Cela fait que lorsque l'on commence à pleinement apprécier le film pour sa personnalité et ses propositions, notamment ses dialogues qui parfois vont chercher des répliques et des tournures de phrases à la Kaamelott, on est encore et toujours rattaché par des références (ou encore une fois des scènes maladroites à base de tirades pompeuses et clichés de méchants dans l'ombre devant un feu de cheminé) à un atmosphère et un esprit très télé-visuel alors que le film en lui même est très bon et mérite le plus grand des écrans pour voir certaines scènes inspirés de Seigneur des Anneaux, de Pirates des Caraïbes, ou encore de Shining. La chose est que le studio est encore jeune, que ce n'est que la 2e création original du studio après les As de la Jungle, et qu'au vu du bide qu'a fait la 1ère création original (qui n'est même pas sujet aux clin d’œil et à l'hommage comme les As de la Jungle), le studio TAT a voulu sécuriser un publique fidèle aux As de la Jungle, et éviter un trop grand saut dans l'inconnu en présentant un film trop singulier... mais c'est ce qui fait défaut au film. Pil est un film qui mérite un succès salle, Pil est un film qui mérite que l'on voit ce qu'il propose, et cela ne va pas aider quoi que ce soit de rattacher le film à une série dont l'ambiance et l'univers ont rien à voir. Le cinéma et la télévision sont deux mondes qui ont très peu de point commun et qu'il est très compliqué de rattacher sans porter défaut à l'un comme à l'autre. Il faut savoir dissocier ce que l'on produit pour mieux mettre en avant ce que l'on crée. Au final si je devais donner un conseil au studio c'est de prendre confiance et d'oser aller plus loin. Ils ont du talent et ont la capacité de rivaliser sans problème avec Disney. Il faut savoir oser et choisir entre un publique très jeune ou un publique plus adulte, et à choisir je conseillerai plus le public adulte car les blagues sur la merde c'est juste pas possible.
11,25/20
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Créée
le 18 août 2021
Critique lue 898 fois
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