La justice, docteur, c'est comme la Sainte Vierge (...)

La justice, docteur, c'est comme la Sainte Vierge : si elle n'apparaît pas de temps en temps, le doute s'installe. »

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C'est du Audiard, bien sûr ça se devine comme on voit le nez au-milieu de la figure, et il nous compose un scénario aux petits oignons avec des citations comme on les aime !

La réalisation d' Enrico (1931-2001) n'est pas comme les autres, surprenante même...

D'ailleurs sur ses 25 réalisations de 1956 à 1999, c'est une des deux seules où il n'écrit pas le scénario... A 59 ans, était-il déjà fatigué par la maladie ?

Le thème du film est presque un cadeau du ciel : "Suivez le veuf" écrit par Alfred Harris en 1975 et réédité en 1980...

Pour ceux qui ne pratiquent pas l’archéologie cinématographique, si ce titre ne signifie pas grand chose de nos jours, à l'époque, il constituait une déclinaison satirique ou caricaturale de "Suivez le boeuf" un slogan d'époque visant à relancer la consommation de viande bovine dont les ventes baissaient. Pourtant les végans étaient alors inconnus mais les tendances des chalands...

On eut pu trouver un titre bien plus futé que "Pile ou Face" extrêmement banal, mais tiré du nom du chien de Georges Cravenne qui signait là sa première production après avoir déniché le roman...

L'aventure est énigmatique, pleine de rebondissements, et que n'eut pas renié Francis Veber prêchant que les films avec un "emmerdeur" faisaient recette !

Ici, on en a deux pour le prix d'un et pourtant, ce n'est pas un film d'humour, ou alors d'humour noir !

Un flic obscur (Noiret en "Baroni") enquêtant délibérément à charge, est persuadé que son suspect (Serrault en Morlaix) a défenestré son épouse, sport national russe... On pourrait lui trouver des circonstances atténuantes...

L'actrice, Antoinette Moya (1928-2021) trouve ici un second rôle, probablement le plus court de sa carrière qui n'aura connu qu'un seul premier plan... C'est le dix-huitième de ses trente neuf films, sans compter ses apparitions à la télévision et qu'on n'avait plus vu sur les écrans depuis 2015...

Baroni va s'acharner comme de la glu sur Morlaix qui va sembler trouver un plaisir certain à narguer cet imbécile de flic... Ici, on est en présence non pas d'un "emm..." mais de deux !

Enrico règlerait-il des comptes avec la Police ?

L'énigme n'est pas au niveau d'un Simenon mais là n'est pas l'intérêt : ce film ressemble aux deux clowns d'un cirque : l'un autoritaire, blanc et inquisiteur avec un beau chapeau pointu, et l'autre en Auguste cumulant les occasions de recevoir des baffes !

Ubuesque et drôle : on en oublierait qu'on enquête sur la mort suspecte de quelqu'un mais à cette époque, en cas d'appel, la police arrivait encore plus vite que la pizza...

On se demande à un moment comment tout cela va finir, et les ultimes rebondissements ressemblent au bouquet final et en apothéose d'un feu d'artifice... Surprises, surprises...

Serrault en fait des tonnes comme à son habitude, et à l'époque la production avait ajouté à ce film épicé un appât de taille : côté "pile", le jolie petite actrice Dorothée baguenaudant dans le plus simple appareil... Tout comme Gaëlle Legrand...

Comme Alice Dona, mais ayant moins bien réussi et même essuyé un bide sidéral à la télé, la cible de Dorothée était les enfants et on n'eut pas cru qu'avec son look de jeune ado bien sage et institutrice d'occasion, se cachait une femme n'hésitant pas à dévoiler les attraits charnels de son corps diaboliquement superbe ...

Presqu'une habitude à l'époque mais de la part d'une star de télé, c'était la surprise ! Et tant comme actrice que comme Eve, elle jouait avec un naturel parfait et sans sens provocant inutile...

A l'inverse, côté face, Arditi et sa coupe de cheveux tendance n'était pas non plus faite pour arranger son rôle... Tout le casting est une réussite !

Côté musique, ras le bol de l'accordéon...

Ce sera la seule fausse note de ce polar étrange...

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Arte le 24.02.2025-