Absolument néophyte en ce qui concerne la danse, j'allais vers ce film séduit par une bande d'annonce plus que prometteuse. L'objectif de Wenders, et c'est très clair avec l'utilisation de la 3D, c'est de transcender les spectacles de Pina Bausch en hésitant pas à exploiter "triches" permises par le cinéma comme moyen de réinterpréter les danses en œuvres vues sous un nouveau jour, parfois pratiquement à la première personne, ce qui aurait on peut imaginer beaucoup plu à l'esprit moderne et novateur de la danseuse allemande. Cette volonté s'exprime au mieux quand on voit un spectacle sur les trois âges de la vie ( Kontakthof ) et où la mutation ( croissance ou décroissance ) est faite en un clin d'œil, je ne sais pas comment cela était à l'origine, mais la traduction filmée de Wenders, libérée et libertine, nous ramène à la magie primaire du cinéma, à sa vocation de saisir la simplicité pour en faire un élément artistique. Outre cette réussite, il faut souligner la force des scènes d'extérieur, tout en contraste, en provocation même, qui ont une sorte de force vitale sidérante et géniale.
Dommage alors que tout ne soit pas du même ordre, je me suis ennuyé sur l'ensemble et n'ai guère apprécié Café Müller, aussi je dois l'avouer j'ai eu du mal à saisir la signification précise des spectacles malgré qu'on puisse y voir une mise en valeur par la souffrance et l'expiation des corps, une sorte de chemin de croix ( Le sacre du printemps ) qui tend toujours à maximiser le potentiel des danseurs jusqu'à un franchissement de leurs limites. Une danse parfois animale, en transe assez plaisante mais sans cesse interrompue par des mini-témoignages à la sauce élogieuse qui confirme l'aspect très répétitif du film comme celui des chorégraphies de Pina pas toujours inspirée et trop artificielles, maniérées. En tant que noob total je vais garder mes critiques sur la danse pour moi et me contenter de juger le film. Très bon dans l'exploitation de la matière première et dans sa retransmission filmée -Wenders fait littéralement vivre le spectacle- mais peinant à trouver une trame conductrice fusse-t-elle un embrasement désordonné vers le sacrifice ultime du corps pour la danse, un truc complètement fou, mais qui aurait certainement fait plus plaisir à la défunte danseuse, qui sans se retourner dans sa tombe, doit se demander qu'est ce que vont faire ses petits protégés perdus sans elle...