Pina
7.5
Pina

Documentaire de Wim Wenders (2011)

La danse de Sisyphe, et Wim Wenders sauva la 3D

Amis de longue date, Wim Wenders et la chorégraphe Pina Bausch ont toujours voulu produire un film dansé. La technique ne leur ayant jamais permis d'atteindre le niveau de réalisme souhaité, le projet était tombé aux oubliettes jusqu'à l'avènement récent de la 3D. Grâce à celle-ci, le réalisateur allemand a été persuadé de pouvoir abolir les frontières qui séparaient l'expression corporelle de l'artiste de la perception du spectateur.

Qui aurait deviné que la 3D obtiendrait sa légitimité par la main de Wim Wenders ? Si tous les réalisateurs en faisaient une utilisation aussi complexe et intelligente, nous serions prêts à retirer tout le mal que nous avons pu dire sur ce médium qui commençait sérieusement à nous gonfler. Il faut avouer que c'est plutôt ironique de voir cette technique obtenir ses lettres de noblesse par le cinéma d'auteur. Jusqu'alors abaissée au rang de gadget commercial, Wim Wenders nous prouve qu'elle peut également avoir une utilité en entretenant un rapport sensé avec l'image.

Preuve qu'il est un grand cinéaste, là où d'autres se seraient contentés de filmer la beauté de ces théâtres dansés, Wim Wenders fait naître une véritable mise en scène à partir des chorégraphies de Pina Bausch. Division de l'espace, voiles transparents qui amplifient la sensation de relief, multiplicité des arrières plans ; grâce à une utilisation virtuose de la 3D, le réalisateur réinvente la profondeur de champ et intègre le spectateur au cœur de la danse.
Suite au décès de Pina Bausch en plein tournage, Wim Wenders a transformé son film « sur » en film « pour » Pina. En y ajoutant de nombreux témoignages de danseurs, le film acquiert une dimension émotionnelle qui parachève ce magnifique hommage.
De quoi vous réconcilier avec la danse après l'indigestion de gros plans de doublures de pieds que le film d'Aronofsky nous a infligés il y a peu.
Cygurd
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 2011

Créée

le 12 mars 2011

Critique lue 1.8K fois

26 j'aime

3 commentaires

Film Exposure

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

26
3

D'autres avis sur Pina

Pina
Cygurd
9

La danse de Sisyphe, et Wim Wenders sauva la 3D

Amis de longue date, Wim Wenders et la chorégraphe Pina Bausch ont toujours voulu produire un film dansé. La technique ne leur ayant jamais permis d'atteindre le niveau de réalisme souhaité, le...

le 12 mars 2011

26 j'aime

3

Pina
Pruneau
6

Danse avec les flous

C'est assez niais (le côté hommage hagiographique plein de bons sentiments) et faut aimer les vieux. C'est un peu abrupte comme intro j'en conviens, mais je préfère prévenir d'emblée. Encore un film...

le 9 avr. 2011

14 j'aime

17

Pina
Elenore
10

Critique de Pina par Elenore

Présenté hors-compétition au festival de Berlin cette année, Pina s'impose comme une œuvre pionnière et innovante, le premier long métrage documentaire en 3D, mais aussi, tout simplement, l'un des...

le 15 avr. 2011

13 j'aime

1

Du même critique

The Green Knight
Cygurd
8

La couleur de la honte

De prime abord, la filmographie de David Lowery peut paraître au mieux surprenante, au pire incohérente. Après des Amants du Texas trop inféodés au premier cinéma de Terrence Malick pour pleinement...

le 31 juil. 2021

89 j'aime

2

Midsommar
Cygurd
6

Le refus de la transcendance

L’extrême sophistication formelle du premier film d’Ari Aster, Hereditary, annonçait l’arrivée d’un cinéaste éloquent mais aussi manquant d’un peu de recul. Sa maîtrise époustouflante du langage...

le 4 juil. 2019

75 j'aime

11

Captain Fantastic
Cygurd
5

Le grand foutoir idéologique

C’est la « comédie indépendante » de l’année, le petit frisson subversif de la croisette, montée des marches langue tirée et majeurs en l’air à l’appui. Le second film de Matt Ross s’inscrit dans la...

le 12 oct. 2016

43 j'aime

39