La danse de Sisyphe, et Wim Wenders sauva la 3D
Amis de longue date, Wim Wenders et la chorégraphe Pina Bausch ont toujours voulu produire un film dansé. La technique ne leur ayant jamais permis d'atteindre le niveau de réalisme souhaité, le projet était tombé aux oubliettes jusqu'à l'avènement récent de la 3D. Grâce à celle-ci, le réalisateur allemand a été persuadé de pouvoir abolir les frontières qui séparaient l'expression corporelle de l'artiste de la perception du spectateur.
Qui aurait deviné que la 3D obtiendrait sa légitimité par la main de Wim Wenders ? Si tous les réalisateurs en faisaient une utilisation aussi complexe et intelligente, nous serions prêts à retirer tout le mal que nous avons pu dire sur ce médium qui commençait sérieusement à nous gonfler. Il faut avouer que c'est plutôt ironique de voir cette technique obtenir ses lettres de noblesse par le cinéma d'auteur. Jusqu'alors abaissée au rang de gadget commercial, Wim Wenders nous prouve qu'elle peut également avoir une utilité en entretenant un rapport sensé avec l'image.
Preuve qu'il est un grand cinéaste, là où d'autres se seraient contentés de filmer la beauté de ces théâtres dansés, Wim Wenders fait naître une véritable mise en scène à partir des chorégraphies de Pina Bausch. Division de l'espace, voiles transparents qui amplifient la sensation de relief, multiplicité des arrières plans ; grâce à une utilisation virtuose de la 3D, le réalisateur réinvente la profondeur de champ et intègre le spectateur au cœur de la danse.
Suite au décès de Pina Bausch en plein tournage, Wim Wenders a transformé son film « sur » en film « pour » Pina. En y ajoutant de nombreux témoignages de danseurs, le film acquiert une dimension émotionnelle qui parachève ce magnifique hommage.
De quoi vous réconcilier avec la danse après l'indigestion de gros plans de doublures de pieds que le film d'Aronofsky nous a infligés il y a peu.
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