Sentant sa personnalité vaciller, Pink (incarné par le chanteur Bob Geldof), une star du rock. Souffrant de paranoïa aiguë, il se croit agressé de toutes parts et tente de construire autour de lui un mur protecteur derrière lequel il s’imagine qu’il trouvera un refuge. Mais le mur devient aussi une menace et, en se refermant sur lui, il le pousse encore plus vers la folie. Dans son délire, Pink s'assimilant à son père mort à la guerre, se revoit enfant, brimé par ses professeurs, surprotégé par une mère à la fois protectrice et castratrice, qui entraîne l'échec de son mariage, sa plongée dans la drogue et dans la folie. Le mur se construit brique par brique (« Another brick in the wall ») et l'enfermement est à la fois à l'extérieur (« Is there somebody out there ? ») et à l'intérieur...
Totalement inclassable sur le plan technique, ce film génial mêle des images tournées avec des acteurs évoquant les scènes de la vie de Pink et la guerre avec la mort de son père au combat avec des scènes où les acteurs sont transformés en pantins sans visages entrecoupées de dessins animés extraordinairement forts et troublants réalisés par Gerald Scarfe, surtout connu comme caricaturiste pour la presse anglaise.
Le personnage de Pink est plus ou moins autobiographique car il emprunte à deux personnalités très fortes et torturées, celle de Syd Barrett, co-fondateur du groupe Pink Floyd en 1964 (mais qui le quitta deux ans plus tard) et Roger Waters, musicien génial qui écrivit la majorité des paroles et des musiques de l'album The wall, sorti en 1979.
Le film est un OVNI dans le monde du cinéma. Il restera un chef d'œuvre insurpassé, difficile, dérangeant mais salutaire, avec des scènes d'une lucidité insoutenable, une peinture à la fois extrêmement onirique et en même temps d'une violence absolue sur la douleur que peut ressentir une personnalité d'écorché vif comme celle de tout artiste de talent face à l'agressivité, à la bêtise et à la noirceur de la société qui l'entoure.