Ancien clippeur, Steve Barron avait déjà proposé à Disney dans les années 80 une adaptation-live de leur Pinocchio, bien avant la mode actuelle des remakes. Après un refus de la firme aux grandes oreilles, le réalisateur des Tortues Ninja mettra presque dix ans à concrétiser son projet et, avec l'aide de nombreuses sociétés de production allant des États-Unis à la République Tchèque, parvient à proposer une adaptation plus ou moins inédite du roman de Carlo Collodi. En effet, si le scénario s'inspire fortement des grandes lignes du conte, l'histoire reste bien différente, avec de nouveaux personnages, des séquences modifiées et un ordre d'évènements chamboulé.
Pinocchio n'est ainsi plus un pantin turbulent et mal élevé mais une marionnette naïve, un brin ingénu, qui va, par un concours de circonstances, se faire adopter par le terrible Lorenzini (le toujours aussi frappé Udo Kier), un marionnettiste rival inédit regroupant Mangefeu, le Cocher et même la Baleine. Raccourcie voire simplifiée, l'aventure n'en demeure pas moins plaisante, mise en scène avec dynamisme par Barron, toujours autant à l'aise avec les effets spéciaux qui mêlent ici les animatroniques toujours aussi bluffants du Jim Henson's Creature Shop (qui avait déjà participé aux Tortues Ninja) et images de synthèse plus ou moins réussies pour l'époque.
Souvent léger, parfois niais, le long-métrage reste calibré pour le jeune public et porte en lui aujourd'hui encore les stigmates d'une production classique des années 90 mais continue d'émerveiller et de rester divertissant. Échec commercial cuisant boudé à sa sortie et ne rentrant même pas dans ses frais, Pinocchio reste pourtant aujourd'hui encore une adaptation intéressante et un film d'aventures fantastiques réussi qui a encore quelques jours devant lui pour plaire aux plus petits. À noter qu'une suite de piètre qualité sortit trois ans plus tard avec uniquement Martin Landau et Udo Kier de retour.