What the fuck is on my dick

Piranha 3D était fun, j'avais hâte de voir la suite tant qu'elle restait dans le même esprit. Le changement d'équipe m'a fait avoir des doutes, de John Gulager je n'avais vu que le premier Feast, qui était pas trop mal, mais pas assez bien pour que je comprenne qu'il y a eu deux suites. Les scénaristes sont ceux de Saw 4, 5 et 6 je crois (ils se ressemblent tous à partir du 3, alors...), mouais. J'aurais dû fouiller davantage, on doit au 3ème scénariste Hellraiser hellworld et Dracula 2000.
Les trailers me donnaient envie quand même, il y avait du sang, des boobs, du fun visiblement, et ils apportaient une explication très amusante au "3DD" du titre, qui m'apparaissait comme vraiment débile au début.
En fait c'est pas si mal car on a une bonne idée de ce qu'est le film : il est complètement débile.
Je pensais que l'explication de la présence d'enfants et de "water-certified strippers" était juste occultée dans les trailers, et que dans le film il y aurait deux lieux différents. Non, il n'y a pas d'explication, et on a bel et bien un parc d'attraction avec des enfants et des baigneuses nues.
Au vu du reste du film, c'est le cadet de mes soucis.

On a un personnage de vierge, dont on nous dit dès son arrivée qu'elle a peur du sexe parce que blablabla... Juste après un mec demande à un ami ce que le jeune homme qu'il jalouse a et que lui n'a pas, etc. On a une réplique pour résumer chaque personnage, juste après leur apparition, pour faire une caractérisation en vitesse, comme si ça suffisait à leur donner une personnalité. Ca ne fait pas illusion, les personnages sont des archétypes, qui suivent durant l'intrigue des schémas vus et revus : le mec timide qui est amoureux en secret de la bimbo, qui a plus de chance de finir avec le beau gosse de service. Mais pas de problème, le BG s'avère être un méchant, donc le spectateur se dit que tout va bien, rien ne s'opposer à ce que le loser obtienne la fille.
Les autres personnages sont incompréhensibles, ce sont des mythes, des êtres creux dans des situations improbables. On a une femme qui prie pour le pêché qu'elle va accomplir juste avant de coucher avec un mec ; une femme qui supplie "come inside me" parce qu'elle se sent pas bien et qu'elle ne veut pas mourir vierge (elle a pas l'air d'être au supplice non plus, et puis, la preuve, elle ne meurt pas) ; un abruti qui met sa bite dans l'évacuation d'une piscine et, je ne sais pourquoi, saute dans une flaque de vomi à un moment.
On a deux personnages de Piranha 3D qui reviennent, le cameraman de Wild wild girls, et le sheriff. Pourquoi est-ce qu'ils sont ensemble ? Aucune idée.
David Hasselhoff qui s'auto-parodie reste le meilleur personnage, même si ses gags sont plutôt lourds à force.
Les poissons sont aussi peu crédibles comme personnages que les humains, ils défoncent des planches de bois en sautant, ils sont capables de surgir hors de l'eau en faisant des bonds de plusieurs mètres, dirait-on, pour arriver sur la rive, c'est le gros n'importe quoi.
Je ne parle même pas du twist final concernant les piranhas, qui n'existe que parce que les scénaristes se sont sentis obligés de faire comme le premier film, même s'ils n'avaient pas d'idées.

Avec le choix d'avoir David Koechner comme acteur (que j'étais déjà surpris de voir dans Destination finale 5), on pouvait de toute façon s'imaginer à moins de logique et plus d'humour crétin.
Est-ce que Piranha 3DD est drôle alors ?
Ca se veut fun. On a Gary Busey en redneck, déjà. On a assez tôt un gros plan sur le cul d'une vache qui pète un œuf de piranha, ça annonce la couleur. Et comme si ça suffisait pas, ça vire au wtf total, avec des actions totalement incompréhensibles. Le mec qui mord le piranha juste avant de mourir, mais... à quoi ça sert, à quoi ça rime ?!
"What the fuck is on my dick", réplique qui, pour moi, résume parfaitement l'esprit du film, du niveau de "Des serpents dans l'avion". Peu après on a "Josh cut off his penis because something came out of my vagina", de mieux en mieux.
Le problème c'est qu'à chaque fois que le film se veut drôle, délirant, décomplexé, il n'arrive qu'à être d'une débilité atterrante. Outre les éléments déjà cités ci-dessus, je vais juste prendre exemple sur le passage où un type est décapité. Il y a du sang partout, sa tête finit entre deux gros seins, mais le problème c'est que juste pour rigoler un coup les scénaristes se foutent de la cohérence : la tête est coupée à cause d'une banderole qui se trouvait là, alors que le mec roulait sur un petit chariot. C'est complètement con, tout simplement, c'est pas drôle.

Côté réalisation aussi c'est un travail de sagouin. On voit comme c'est bâclé quand on constate qu'en post-prod il a fallu inverser une image d'Hasselhoff (le texte sur sa veste est à l'envers) pour que le plan se place correctement au milieu des autres au montage.
Les choix esthétiques ne sont pas mieux, on a de ces couleurs orangées tout à fait artificielles et bien dégueus par moments.
Côté cinéma d'horreur, on a une scène de cauchemar à la con, et des jump-scares de merde, parfois en combo avec des trucs qui arrivent juste devant la caméra tout à fait gratuitement, pour la 3DD.

Piranha 3DD donne l'impression que le film d'Aja était intelligent. Certes c'était un film bête, mais il était terriblement fun, et nous gratifiait d'un gore d'une originalité réjouissante. L'originalité, cette suite en est totalement dépourvue.
Ce film de John Gulager, c'est la série Z obscure de demain ; dans 50 ans, ça ne sera plus vu que comme une curiosité oubliée de la plupart et sur laquelle se pencheront que quelques déviants, qui regarderont ce bidule où Christopher Lloyd apparaît on ne sait trop comment ni pourquoi pour les mêmes raisons que certains aujourd'hui regardent des bizarreries telles que "The devil bat", parce qu'il y a Bela Lugosi dedans.

S'il y a un Piranha 3DDD, ce sera sans moi.