Ce film aurait pu s'appeler "N'est pas Verbinsky qui veut" tant le quatrième Pirates des Caraïbes illustre bien comment un scénario palpitant sur le papier peut devenir insipide lorsqu'il manque la pièce maitresse à l'entreprise: le style. Car cet opus n'est pas à proprement parlé un mauvais film; après tout, les ingrédients de la formule sont toujours au rendez-vous: trahisons, scènes d'actions, malédiction, (un peu) de violence, et travail de reconstitution d'époque époustouflant...

Seulement voilà, il manque le réalisateur obsessionnel et barje de la première trilogie, l'homme capable de mettre en image ce train à fantôme géant, de sorte à nous embarquer dans une hystérie visuelle et sonore de tous les instants. Le constat est d'autant plus frappant que Rob Marshall essaie de singer ce fameux "style Verbinsky" sans jamais vraiment comprendre le délire. Exploitant Depp comme attraction principal à base de jeu de mots, de répliques qui se veulent spirituelles et de cascades en veux tu en voilà, il ne parvient pourtant jamais à captiver, faute d'en percevoir l'essence. Le film ne retrouve ni le rythme survolté, ni la mise en scène cartoonesque de son prédecesseur. Exit le grandiose, de même que ses clins d'oeil visuel subtils*.

Par ailleurs, le réalisateur ne sait pas très bien comment mettre en scène une armée de morts-vivants, alors que c'est quand même tout l'intérêt de cette saga. Et le comble, c'est qu'il a plusieurs occasions de mettre des squelettes en valeur (les zombies, Ponce de Léon). Les seuls moments qui font vraiment mouche et parviennent à renouer avec l'esprit "weird tale"de la saga interviennent lors la bataille spectaculaire entre les pirates et les sirènes (à la fois glamour et cauchemardesques) , et au moment de la mort assez dérangeante d'Edward Teach alias Barbe-Noire.

Mais l'autre gros problème réside dans la surmultiplication d'intrigues qui contrairement aux épisodes précédents n'ont pas de liant. Cela donne un récit qui slalome entre les points de vue sans arriver à un dénouement satisfaisant. En fait, durant et après le visionnage on s'aperçoit que, comme beaucoup de saga modernes, Pirates des caraïbes finit par ne plus avoir de raison d'être, à trop vouloir répéter la formule sans conserver la vision initiale et visant toujours plus grand.

Comme le dit Jack: "même les légendes ont une fin".

*https://i.pinimg.com/originals/0d/fc/e0/0dfce058c01285aea39f53926bb46d5d.jpg

Aegus
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le 8 juil. 2023

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